La vaccination serait-elle l’exception qui confirme la règle ? Alors que la plupart des inégalités sociales de santé (ISS) se font généralement au détriment des régions et des populations les plus défavorisées, les disparités observées en matière de vaccins semblent obéir à une autre logique.
En témoignent les écarts de couverture vaccinale recensés au niveau régional. Globalement, les taux de vaccination sont plutôt homogènes sur l’ensemble du territoire pour les vaccins contre l’Hæmophilus, le DTP ou la coqueluche. On constate en revanche d’importantes disparités géographiques pour la rougeole et l’hépatite B avec des proportions d’enfants non vaccinés supérieures à la moyenne dans les régions du sud et plutôt faibles dans le nord de la France.
Un gradient sud-nord plutôt inhabituel en matière d’inégalités de santé et qui suggère que la vaccination pourrait échapper – du moins en partie — au déterminisme socio-économique.
Contrairement aux autres champs de la prévention ou du dépistage, « qui se fondent davantage sur des compétences socialement discriminées et des réseaux sociaux inégalement appropriés », la vaccination pâtirait donc moins « de la distorsion de résultats liée au prisme social » comme le constate l’Inpes dans un ouvrage sur les ISS.
Le paradoxe de l’information
A fortiori, un haut niveau socio-éducatif pourrait même être un frein à la vaccination comme le suggère une revue critique sur l’hésitation vaccinale publiée récemment dans le « Journal des anti-infectieux ». Selon ce travail, l’accès à une information sur la vaccination de plus en plus abondante, dans un contexte de défiance croissante vis-à-vis des autorités, pourrait conduire, de façon un peu paradoxale, une partie de la population à bouder volontairement la vaccination. Une attitude « d’hésitation vaccinale rationalisée » qui toucherait davantage les « catégories moyennes éduquées », selon les auteurs.
Reste que les pratiques vaccinales n’échappent pas totalement à la contrainte financière comme en témoigne une des rares études s’étant penchée spécifiquement sur les inégalités sociales en matière de vaccination de l’enfant.
Dans cette enquête de l’InVs (BEH n° 20, 24 juin 2014), J-P Guthmann et al. se sont intéressés aux déterminants socio-économiques de la vaccination infantile par les vaccins BCG et pneumococciques conjugués (PCV7). Ils montrent que les enfants appartenant à des familles de niveau socio-économique faible ainsi que ceux originaires d’un pays de forte endémie tuberculeuse, quel que soit le niveau socio-économique de la famille, étaient correctement vaccinés par le BCG. En revanche, pour le PCV7, les auteurs rapportent une association entre couverture vaccinale peu élevée et faible niveau de revenus, « ce qui suggère l’existence d’obstacles financiers dans les familles les plus modestes ».
Article suivant
Pathologies cardio-vasculaires : le mal de la France d’« en haut »
Vaccination, l’exception qui confirme la règle ?
Pathologies cardio-vasculaires : le mal de la France d’« en haut »
Le diabète, une maladie emblématique des ISS
« Etre égalitaire ne signifie pas être équitable »
Dis-moi combien tu gagnes, je te dirai comment tu vas !
Douleur chronique, moins de disparités régionales, mais…
Les disparités sociales sont-elles solubles dans la ROSP ?
Maladie veineuse, la double peine ?
Et dans la vraie vie, ça se passe comment la prévention ?
Gynécologie : des inégalités intra-genre…
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation