Une consultation de sexologie dédiée aux personnes vivant avec le VIH (PVVIH) s’est ouverte en juin 2013 à l’hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris. Le Dr Patrick Papazian a rapporté lors de ces Assise de sexologie le bilan à 1 an de cette initiative, portant sur les 80 premiers patients qui ont consulté.
Cette initiative répond à la nécessité soulevée par le rapport Morlat 2013, de développer et de soutenir une offre de santé sexuelle intégrée et coordonnée, au plus proche des besoins des personnes vivant avec le VIH (PVVIH).
Le profil des patients était le suivant : il s’agissait d’hommes dans 92 % des cas, l’âge moyen était de 48 ans, et leur orientation sexuelle était homo/bisexuelle dans 35 % des cas et hétérosexuelle dans 65 % des cas. Par ordre de fréquence, les motifs de consultation concernaient une dysfonction érectile (62 %), des troubles du désir (35 %), une éjaculation rapide (12 %), la peur de contaminer, le désir d’enfant, la pratique de sexe à risque... La consultation intervient en moyenne 11 ans après la découverte de la séropositivité (de 3 mois à 27 ans).
Plus de la moitié des consultants (55 %) pensent que les difficultés sexuelles qu’ils éprouvent ont un lien avec l’infection par le VIH ou avec son traitement, 30 % pensent que non et 15 % ne savent pas. Le traitement antirétroviral est majoritairement évoqué en cas de dysfonction érectile et le vécu de l’infection par la personne concernée ou par son/sa partenaire en cas de baisse de désir.
Une prise en charge médicamenteuse a été proposée lors de la première consultation à 55 % des patients. On note un recours plus fréquent à la prescription de yohimbine chez les PVVIH par rapport à la population générale, du fait de l’absence d’interactions médicamenteuses de ce médicament avec les antirétroviraux.
Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour expliquer le très faible nombre de femmes venant à la consultation : médecin sexologue masculin, « résignation » des femmes vivant avec le VIH, pression du conjoint pour ne pas consulter, orientation directe vers un gynécologue dans le cadre d’un désir d’enfant, représentations sociales ou croyances entravant la démarche pour certaines femmes.
Il faut noter que l’orientation sexuelle ne semble pas être un facteur déterminant de dysfonction sexuelle chez les PVVIH mais que la santé sexuelle dépend, de manière classique, de l’âge, de l’état de santé général, notamment cardiovasculaire, du niveau social et des représentations et croyances de la personne en matière de sexualité.
Pour conclure, le Dr Papazian soulignait que la sexualité des PVVIH est encore mal connue et que les informations récentes disponibles, mais très partielles, évoquent une dégradation de la santé sexuelle de ces patients. Ainsi, dans les enquêtes VESPA, la part des personnes sexuellement actives est passée de 78 % à 71 % de 2003 à 2011 alors qu’elle est de 89 % chez les femmes et de 91 % chez les hommes dans la population générale. Ces données confirment la nécessité d’une offre de soins en santé sexuelle intégrée aux services hospitaliers.
Article précédent
Les liens féconds entre imaginaire et érotisme
Article suivant
La pornographie, objet de consommation banal
Quand les avocats des clients s’insinuent dans la sphère sexuelle
L’avenir psychoaffectif et la sexualité des enfants élevés « hors normes »
Les liens féconds entre imaginaire et érotisme
La santé sexuelle se dégrade avec le virus
La pornographie, objet de consommation banal
Le rôle des liens d’attachement
Un simple geste suffit
Arrêtons la polémique !
Les enfants de la « com’ »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation