L’imaginaire, c’est le monde des images, qu’elles soient visuelles, sonores, tactiles, mouvantes. Depuis l’Antiquité, on lui accorde un sens ou un pouvoir. Plus que des images fournies par des perceptions, c’est la capacité de déformer, de modifier, de composer, décomposer et recomposer les images. C’est jouer avec les images. Il arrive que celles-ci, au lieu d’être fluctuantes, s’imposent contre notre gré, on ne peut plus jouer avec elles. Elles deviennent fixes, elles perdent de leur richesse, elles sont exigeantes et parfois elles nous figent. Mais sitôt surgies, elles peuvent aussi s’échapper.
« C’est comme s’il y avait plusieurs châteaux au royaume de l’imaginaire, décrit Nicole Fabre, avec des couloirs secrets qui les relient les uns aux autres, avec des cachettes et même des oubliettes ».
Les rêves du sommeil appartiennent à l’imaginaire et échappent à notre maîtrise. Freud inaugura ce qui va devenir la psychanalyse avec l’interprétation de rêves, c’est-à-dire en faisant apparaître que les productions de l’imaginaire dans le sommeil sont parfois le travestissement ou parfois le révélateur de nos désirs. « S’il a accordé beaucoup de place à la libido, au sexuel, à la pulsion, il en a accordé assez peu à l’érotisme proprement dit, constate N. Fabre, l’érotisme étant une notion bien plus large que le seul désir d’assouvir une pulsion sexuelle. Est érotique un vécu qui ne renvoie pas directement à l’acte sexuel, qui ne s’en contente pas, mais qui joue sur l’imaginé, l’implicite, le non-dit, le suggéré. L’érotisme vise à exciter le désir chez l’autre et à exciter son propre désir ».
Les fantasmes occupent un espace différent dans le royaume de l’imaginaire. Certains s’imposent et sont envahissants et angoissants, parfois ils sont source de plaisir. Mais ils ne sont pas riches, souvent répétitifs. Néanmoins, ils peuvent se développer en rêveries éveillées.
Celles-ci sont généralement solitaires et source de plaisir. Elles peuvent prendre la place de l’acte et comblent ainsi le désir, ou encore elles deviennent source de création : peinture, roman, poème… Parfois l’imaginaire érotique donne lieu a une œuvre : peinture, lettres, poèmes, roman. Le sujet rêvant peut parfois se suffire de ce mode de réalisation et ne désire plus de mise en acte sexuel. Il se sent très heureux dans cette sexualité érotisée. L’acte sexuel perd tout intérêt en regard de la production créative. On peut voir dans cette sublimation une entrave ou une réussite.
Le Rêve-Éveillé en analyse
Dans les cures analytiques qui poussent l’imaginaire sur le devant de la scène, le Rêvé-Éveillé, l’imaginaire est sollicité de la façon la plus intense possible dans la dynamique d’une psychothérapie analytique pour révéler ce qui n’était pas forcément prévu au départ, une problématique sexuelle.
À partir d’un premier exemple d’une jeune femme qui n’était pas entrée en analyse pour une problématique sexuelle, Nicole Fabre montre que la pratique du Rêve-Eveillé lui a permis de vivre auprès de l’analyste ce qui était indicible ou profondément enfoui sur le désir, le plaisir, l’angoisse, l’érotisme et le sexuel. L’imaginaire a ouvert la porte à une autre lecture de sa vie. Autre exemple : celui d’un homme plutôt violent dont le désir butait sur l’interdit et chez qui le Rêve-Éveillé a conduit à développer un imaginaire érotique hautement symbolique auquel il a finalement trouvé le véritable sens et donné une nouvelle orientation à son désir.
On peut en conclure que le lien érotique et sexuel s’enrichit de la fécondité de l’imaginaire lequel rend sa force de réalité au désir.
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