L'infection à VIH en médecine de ville

Priorité au dépistage et au suivi des pathologies associées

Publié le 11/02/2016
Article réservé aux abonnés
VIH

VIH
Crédit photo : PHANIE

Malgré le nombre de nouveaux cas observés chaque année, la pathologie reste rare en médecine générale. En moyenne un médecin n'a que 10 à 20 patients pour 1 000 dans sa patientèle mais souvent aucun.

Pour le Pr Henri Partouche du Collège national des généralistes enseignants, l'activité essentielle reste le dépistage ; 28 000 patients environ sont porteurs du virus et ne le savent pas ; un quart des patients sont découverts à un stade tardif.

Éviter les occasions ratées

Le dépistage systématique proposé en 2009 a rapidement été abandonné, décourageant car trop peu de résultats positifs. Avant tout il convient d'éviter les occasions manquées. Le suivi au long cours par le généraliste est un atout car il connaît les habitudes du patient. Vit-il seul ? Fait-il usage de drogues ? S'il s'agit d un homme, a-t-il des rapports avec des garçons et quel est son mode de vie ? Le taux d’acceptabilité de cette dernière question est très élevé (97 %des cas) et le médecin ne doit pas être gêné.

L'apparition de certaines infections doit attirer l'attention : zona, candidose, infection pulmonaire, particulièrement dans la population subsaharienne plus souvent touchée.

Les généralistes sont actuellement bien formés aux soins primaires en gynécologie palliant ainsi le déficit de gynécologues tant en ville qu'à l hôpital. Et la découverte d’une dysplasie du col doit conduire au dépistage du VIH qu'on couplera à la recherche d'une hépatite B ou C. Les TROD (tests rapides d'orientation et de dépistage) qui peuvent être réalisés au cabinet du médecin. Pour le Pr Jean Pierre Aubert, enseignant généraliste ayant une clientèle particulièrement importante de patients VIH, ces tests sont utiles dans 2 cas : l'accident d'exposition sexuelle, si les 2 partenaires sont présents en consultation, et la peur de faire le test en ville.

Une fois le diagnostic établi, la consultation hospitalière est indispensable à la mise en route du traitement. Trop de molécules sont actuellement disponibles pour permettre au généraliste de conseiller efficacement le patient.

Prendre en charge les facteurs de risque

Le retour en ville est consacré au suivi. Comme pour toute pathologie chronique, il faut éviter l'arrêt du traitement, expliquer la balance bénéfice risque, toujours favorable ; l entretien motivationnel y a toute sa place. Avec la vieillesse viennent les pathologies dégénératives, plus fréquentes chez les patients porteurs du virus. Le dépistage du cancer du col à l’aide du frottis sera fait au cabinet. Le cancer du canal anal, chez l'homme et chez la femme, sera suspecté devant la présence de condylomes sur la partie cutanée distale. Les cancers colorectaux et mammaires seront régulièrement dépistés. L'aide au sevrage tabagique devrait permettre de diminuer l'incidence forte de cancer du poumon.

L’ostéoporose fréquente sera recherchée et traitée ; Le risque cardiovasculaire étant plus élevé chez ces patients, il importera de prendre en charge les facteurs de risque, tabac, HTA, hyperlipidémie et conseiller le sport. Enfin le généraliste aura la lourde tâche de coordonner l'ensemble des soins proposés : souvent suivi par plusieurs spécialistes, le patient dispose de différentes ordonnances dont la compatibilité devra être régulièrement vérifiée.

Dr Jacqueline Marie Bignon

Source : Le Quotidien du médecin: 9470