Reléguée en France au rang de discipline exclusivement dédiée à l’exercice des soins primaires, la médecine générale a longtemps été tenue éloignée des structures hospitalo-universitaires qui impliquent des enseignements et une recherche spécifiques.
La reconnaissance de la spécialité en 2002, suivie de l’instauration du DES de médecine générale a amorcé un mouvement qui s’est concrétisé en 2009 par les premières nominations d’enseignants titulaires par voie d’intégration. Le 22 janvier 2016, la sous-section 53-03 « Médecine Générale » voit officiellement le jour au sein du Conseil national des universités (CNU).
Pour le Pr Vincent Renard, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), « l’existence d’une recherche de qualité en médecine générale est intimement liée à l’avènement d’une filière universitaire propre. Durant de nombreuses années, des généralistes se sont battus dans leur coin, sans moyens pour que nous ne soyons pas totalement absents de ce champ d’investigation ». Aujourd’hui, « l’évolution récente du statut de la médecine générale au sein de l’université et l’essor très net de la filière ont entraîné des changements notables et visibles pour la discipline, notamment en matière de recherche ».
Un terrain presque vierge
« Le champ de la recherche en médecine générale est extrêmement vaste et quasiment inexploré en France, malgré les travaux de certains précurseurs qui ont dû s’atteler à cette tâche de manière presque artisanale », annonce le Pr Renard qui rappelle à cet effet que, « de 5 publications internationales en 2009, on est aujourd’hui passé à plus de 150 publications annuelles ». Comparée à une situation européenne en la matière qui demeure relativement hétéroclite, la France sort aujourd’hui la tête de l’eau.
« Dans les pays européens, l’état de la recherche en médecine générale dépend de la structuration des systèmes de santé », explique le Pr Renard. Si la culture de cette discipline est particulièrement forte aux Pays-Bas, ce n’était clairement pas le cas en France qui, « en 2009, était en queue de peloton ». L’enjeu est aujourd’hui de sortir cette recherche de l’hôpital pour l’ancrer dans les lieux où s’exerce la médecine de soins primaires. Désormais possible puisqu’institutionnalisée, cette recherche est pour le président du CNGE « un phénomène en construction dont on ne perçoit pas encore véritablement les retombées ». Pour autant, de nombreux obstacles restent encore à lever pour que la discipline puisse s’épanouir pleinement au sein de l’université.
Une discipline encore trop dévalorisée
Si le levier universitaire est de loin le plus efficace pour que le champ de la recherche en médecine générale soit enfin investi comme il devrait l’être, l’ampleur de la mission dévolue aux départements de médecine générale (DMG) est considérable en regard des moyens qui leur sont octroyés. « La triple activité soins-enseignement-recherche des enseignants des DMG installés dans les 35 Unités de formation et de recherche (UFR) de médecine de France est d’autant plus compliquée que leurs effectifs sont restreints et qu’ils doivent gérer un bataillon d’étudiants de taille industrielle », rappelle le Pr Renard.
Autre difficulté à surmonter, la vision culturelle d’une discipline qui, toujours selon le Pr Renard, « est encore très dévalorisée à l’intérieur du système de soins et de l’université. L’absence d’enseignants ayant un rôle institutionnel visible et identifiable par les étudiants au moment où ces derniers formalisent leurs projets est encore un frein au développement de la recherche en médecine générale ».
Pour lui, l’une des priorités est de « réformer pour aller vers un système cohérent et coordonné avec un étage de soins primaires clairement identifié, et ainsi sortir de la situation actuelle qui fait de la médecine générale une variable d’ajustement du système ».
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