Cancer, la nouvelle donne

De la prévention à l'après traitement

Publié le 11/02/2016
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CANCER

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Crédit photo : PHANIE

L’implication des 46 000 médecins généralistes dans le cancer mérite d’être valorisée. Environ 20 % des consultations y sont consacrées. Les relations singulières établies entre la médecine générale et les patients assurent un maillage du territoire des soins de proximité.

Dans les faits, la médecine générale est impliquée dans pratiquement toutes les problématiques générées par le cancer. « Elle intervient sur l’ensemble du parcours de vie du patient depuis la prévention et le dépistage (organisé ou individuel), jusqu’au parcours de soins (préannonce, annonce, le déjargonage, l’entrée dans la maladie, le suivi du traitement, l’après traitement, les soins de supports, la fin de vie, etc…), sans oublier le soutien psychologique des proches et la partie administrative (prise en charge à 100 %, bons de transports, reprise du travail…). Tous les plans cancer soulignent ce rôle clé du médecin généraliste dans la prise en charge des patients atteints de cancers », note le Dr Frèche.

Un travail à mieux valoriser

Toutefois la coordination entre les différents acteurs de soin en ville et à l’hôpital est loin d’être toujours parfaite. « Il faut travailler cette coordination entre équipes hospitalières et équipes de ville : ça ne fonctionne pas toujours bien. Il faut l’améliorer. Cela passe par la reconnaissance mutuelle du travail des uns et des autres et de ce que la communication peut apporter. Le travail du médecin généraliste doit être valorisé. Ce professionnel de proximité représente le fil rouge pour le patient atteint de cancer. Si la phase curative reste très hospitalière, il y a de plus en plus de patients à surveiller à la maison en intercures, d’effets secondaires à gérer, d’interrogations : une bonne communication entre l’hôpital et le médecin traitant est fondamentale », explique le Dr Certain.

Soins palliatifs : savoir qui fait quoi

« Pour les soins palliatifs, une équipe mobile n’est pas toujours nécessaire. Quand c’est le médecin traitant qui accompagne, le bénéfice se voit dans le regard des patients. Il est temps de réfléchir aux procédures pour aider le généraliste dans son travail tout en étant vigilant à ne pas générer un travail de paperasserie. Savoir qui fait quoi et quand le faire. Il serait bon que les institutions dégagent des fonds et moyens humains pour des programmes de recherche sur la prise en charge en soin primaire », remarque le Dr Frèche.

Au sein du Collège de Médecine Générale, un groupe d’experts sur le cancer s’est formé, afin que le travail des médecins généralistes sur le cancer ait plus de visibilité et de lisibilité. « La médecine générale doit être représentée dans les discussions avec l’INCa, la HAS, le ministère. Le groupe d’experts travaille actuellement pour répondre à un appel à projet de l’INCa sur l’implication des médecins généralistes dans le dépistage du cancer colorectal. Autre axe de travail actuel, formaliser le rôle spécifique du médecin généraliste et de la médecine générale dans les différentes phases avant, pendant et après cancer par rapport aux autres acteurs de cette prise en charge », explique le Dr Certain.

Collaboration au sein de l'INCa

Le Dr Frèche attire l’attention sur la volonté nouvelle et réelle d’intégrer la médecine générale dans la lutte contre le cancer : « L’énorme travail des 46  000 médecins généralistes jusqu’ici invisible est en train de sortir. Pour la première fois, un médecin généraliste, le Dr Marie Hélène Certain, a été nommée fin 2015 en tant que personnalité qualifiée pour siéger au sein du Conseil d’administration de l’INCa. Ce signe d’ouverture très important de la part de la direction de l’INCa et de sa présidente, le Pr Agnès Buzyn mérite d’être souligné. Le monde de la cancérologie s’ouvre à la médecine générale ».

Concrètement, au prochain congrès de médecine générale en avril 2016, deux sessions seront co-organisées par le Collège de la Médecine générale et l’INCa. Elles porteront l’une sur les parcours et les liens ville-hôpital dans la phase curative, l’autre sur la prévention et le dépistage des cancers.

 

* Dr Marie Hélène Certain, médecin généraliste secrétaire générale du Collège de Médecine générale et Bernard Frèche, médecin généraliste, maître de conférences à l’UFR de Poitiers.

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9470