La santé des médecins

La prévention n’est pas toujours le fort des médecins

Publié le 10/02/2014
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Crédit photo : dr

Les patients ont développé un regard critique sur leurs médecins. On est loin aujourd’hui de l’instrumentalisation de la profession médicale pour faire vendre des substances nocives, comme à l’époque où des vendeurs de tabac montraient le médecin en exemple (1).

Pourtant, le comportement des praticiens influe toujours sur celui des personnes qu’ils soignent, selon les résultats d’un travail mené en Grande-Bretagne (2). Et les patients adhèrent plus facilement aux messages de prévention et de soins s’ils ont le sentiment que leur médecin leur parle d’un sujet qu’il maîtrise.

État des lieux des comportements préventifs des médecins français.

Un surpoids pour un tiers des médecins

L’étude Drees sur la santé des médecins généralistes menée en 2010 (3) affirmait – en prenant en compte les tailles et poids déclarés – que 34 % des médecins étaient en surcharge pondérale : 27 % en surpoids (25‹IMC‹30) et 7 % obèses (IMC›30).

Les hommes étaient plus souvent concernés que leurs consœurs (39 % contre 18 %) et leur risque de surcharge augmentait avec l’âge : 45 % pour les 55-64 ans contre 30 % pour les 35-44 ans. Ces chiffres sont néanmoins moins élevés que ceux de la population générale et des cadres et professions intellectuelles supérieures appariées.

Une participation limitée au dépistage du cancer colorectal

Même la profession médicale est loin de l’objectif d’un taux de participation au dépistage du cancer colorectal de 50 % des hommes et femmes de plus de 50 ans. En 2010 (3), 35 % des médecins concernés y avaient eu recours (36 % pour les hommes et 34 % pour les femmes). Ces chiffres sont bien sûr bien meilleurs que ceux de l’ensemble de la population active (22 %), mais ils doivent être améliorés pour servir d’exemple et pour atteindre l’objectif de dépistage.

Un taux de vaccination perfectible

Bien que le vaccin contre l’hépatite B soit obligatoire depuis 20 ans, le baromètre de l’Inpes 2009 (4) notait que 10,3 % des médecins libéraux n’étaient pas vaccinés et que, pour 1,1 %, la vaccination avait été réalisée de façon incomplète.

Toujours en 2009, 74,8 % des praticiens avaient été vaccinés contre la grippe saisonnière (contre 63,2 % en 2003).

Le risque du tabac pris en compte

En 2010, 18 % des médecins généralistes se déclaraient fumeurs : 4 % occasionnellement et 14 % quotidiennement. Les hommes avaient plus tendance que les femmes à fumer régulièrement – 15 % contre 11 % (3).

34 % des praticiens étaient des anciens fumeurs et 48 % n’avaient jamais fumé (chiffre qui atteint 63 % chez les médecins femmes les plus jeunes).

38 % des médecins hommes à risque avec l’alcool

Comme tous les Français, les médecins déclaraient à 80 % qu’ils avaient consommé de l’alcool au moins une fois au cours des 12 derniers mois (3). La consommation d’alcool à risque ponctuel (usage ponctuel excessif sans dépendance) concerne 38 % des médecins et le risque chronique (dépendance) 11 % des praticiens.

Les hommes sont trois fois plus représentés que les femmes et, par rapport à la population générale, les médecins les plus jeunes (35-44 ans) semblent moins concernés (40 % de population à risque contre 52 %).

Une auto-prescription massive de psychotropes

En 2010 (3), 20 % des hommes et 24 % des femmes médecins avaient eu recours à des substances psychotropes (anxiolytiques ou hypnotiques), dont 12 % de façon irrégulière adaptée aux besoins. La tranche d’âge la plus concernée était celle des 45-54 ans.

Dans 60 à 77 % des cas selon les régions, ce traitement était auto-prescrit.

Pour une femme médecin sur 5 et un homme sur 10, ils étaient une réponse médicale à un état de détresse psychologique.

(1) Gardner M, Brandt A. « The Doctors’ Choice Is America’s Choice » The Physician in US Cigarette Advertisements, 1930–1953. Am J Public Health. 2006 February; 96. 222–232. doi: 10.2105/AJPH.2005.066654

(2) Oberg E, Frank E. Physicians’ health practices strongly influence patient health practices. J R Coll Physicians Edinb. 2009 December; 39(4): 290–291.

doi: 10.4997/JRCPE.2009.422

(3) Desprès P, Grimbert I, Lemery B et coll. Santé physique et psychique des médecins généralistes. Drees Etudes et résultats, n° 731, juin 2010

(4) Baromètre santé des médecins généralistes. Inpes éditions 2009

Dr I. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9300
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