La santé des médecins

Relation mentor-disciple : « Toujours par deux ils vont, le maître et son apprenti »

Publié le 24/04/2017
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Crédit photo : se

Si dans le monde des Jedi, ces guerriers philosophes qui œuvrent pour la paix, la relation mentor-disciple est désormais bien connu depuis les premiers films Star Wars dans les années 1980, en médecine, c’est à cette même époque que le lien entre les anciens et les plus jeunes s’est distendu. Une question d’inadéquation des attentes peut-être ?

Pourtant, deux articles publiés en début d’année 2017 font la part belle à l’importance pour les jeunes médecins de trouver un point de référence dans leur vie professionnelle et personnelle. Cette relation pourrait permettre de limiter le nombre des burn out : pour les jeunes médecins en les rassurant, en les guidant et en leur faisant sentir qu’ils ne sont pas seuls ; pour les médecins seniors en mettant en avant l’importance de la transmission et en voyant un travail parfois ingrat valorisé par l’œil du confrère en formation.

Pour les Drs Michael Wilkes et Mitchell Feldman (San Francisco, États-Unis), « les internes sont noyés sous des horaires à rallonge, sous des programmes d’apprentissage de plus en plus complexes qui s’adaptent aux évolutions de la science, sous une compétition féroce entre étudiants, et sous ce rôle particulier qu’ils ont puisqu’ils sont à la fois étudiants et employés des hôpitaux universitaires. Ils n’ont plus le temps de lier des relations interpersonnelles durables, équitables et à long terme. L’absence d’investissement dans des relations humaines se traduit par la suite par des comportements à risque (alcool, drogues), par un taux particulièrement élevé de divorces et par des difficultés relationnelles avec les patients et les confrères. Tous ces ingrédients exposent aux erreurs médicales, au burn out, voire au suicide ».

C’est mon maître et c’est mon ami

Que peut faire un mentor contre cet état de fait ? Écouter, pousser à la réflexion, accompagner, proposer son propre réseau, donner confiance et surtout, être présent. Choisir un mentor, c’est choisir un maître, une référence, une carrière, un confrère, une famille, un ami… C’est choisir quelqu’un qui peut dialoguer, accepter de répondre à des questions personnelles et se dévoiler face à un collègue plus jeune. C’est pourvoir échanger sur des questions aussi essentielles que : comment vois-je mon avenir dans 5 ans, 10 ans ? Pourquoi suis-je devenu médecin ? Est-ce que cette carrière m’apporte la satisfaction personnelle et professionnelle à laquelle je m’attendais ?

La relation mentor-disciple se construit sur le long terme. Elle est fondée sur des échanges vrais, des buts précis, un respect mutuel, un partage de la passion et des connaissances.

Pour les Drs Wilkes et Feldman, « officialiser dans les facultés ce rôle de mentor permettrait de dégager du temps universitaires pour des médecins encore peu reconnus d’un point de vue académique mais dont l’implication pourrait permettre aux étudiants d’être à nouveau considérés comme des personnes et non comme des travailleurs dans le monde dysfonctionnel de la santé et des hôpitaux ».

Et comme maître Yoda, le médecin mentor pourra affirmer à son disciple : « Quand je ne serai plus, le dernier des Jedi tu seras. »

Wilkes M, Feldman M. Mentoring clinical trainees : a need for high touch. The Lancet vol 389, pp : 135-137 Vaughn V, Saint S, Chopra V. Mentee missteps. JAMA, vol 317, 5, pp : 475-476

Dr I. C.

Source : Le Quotidien du médecin: 9575
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