La santé des médecins

« Relation de soin et gestion du stress » et « Soigner les soignants » : deux nouveaux diplômes universitaires

Publié le 21/09/2015
Article réservé aux abonnés

Relation de soins et gestion du stress. Diplôme universitaire Faculté Pierre et Marie Curie, Paris

Proposé par le Prs Corinne Isnard Bagnis, Alexandre Duguet et le Dr Christophe André, le diplôme universitaire « Relation de soin et gestion du stress » (1) a pour but d’améliorer simultanément la qualité de la relation patients-soignants et de favoriser la prévention des risques psycho-sociaux (stress, burn out et dépression).

Son ambition : développer le mieux-être au travail pour mieux soigner.

Pourquoi ce diplôme universitaire ?

Le Pr Isnard Bagnis explique au « Quotidien » qu’« après avoir appliqué à des patients atteints de pathologies chroniques – en particulier des insuffisants rénaux terminaux – les techniques de méditation de pleine conscience, il me paraissait important d’informer les soignants sur l’intérêt de cette approche. Mais l’autre point essentiel était de pouvoir permettre d’appliquer la méditation de pleine conscience aux soignants eux-mêmes afin de les aider à lutter contre l’épuisement professionnel, une thématique qui est rarement abordée au sein des établissements de soins ».

Jusqu’à présent il n’existait qu’un seul diplôme universitaire dans un domaine assez proche le DU « Médecine, méditation et neurosciences », dispensé à l’Université de Strasbourg mais qui est plus centré sur les neurosciences et la méditation (2).

Quels sont les objectifs de cette formation ?

« Ce diplôme a principalement pour but d’améliorer la qualité des pratiques relationnelles des soignants à l’égard de leurs patients et d’acquérir des compétences utiles à la relation d’aide (écoute, empathie, bienveillance). Il propose aussi d’aider les professionnels à mieux accompagner les patients atteints d’affections chroniques dans leur quotidien. Enfin, il a pour finalité de favoriser la mise en œuvre de programmes de gestion du stress par la pleine conscience au sein d’activités thérapeutique », explique le Pr Isnard Bagnis.

« Mais il faut préciser que ce diplôme ne représente pas l’équivalent d’un enseignement à la méditation pleine conscience ou une habilitation à animer des séminaires de méditation. » Son programme est plus vaste et aborde également d’autres aspects de la relation (comme la médecine narrative).

Comment se déroule la formation ?

La formation est organisée sous forme de 6 séminaires de deux jours et elle comprend une partie théorique et un enseignement pratique de méditation de pleine conscience (4 jours). Contrairement aux formations spécifiques en méditation plein conscience, aucune pratique personnelle n’est exigée.

Pour le Pr Isnard Bagnis, « notre but n’est pas nécessairement que les participants deviennent des utilisateurs des techniques de méditation de pleine conscience mais qu’ils puissent, le cas échéant, orienter des patients vers ce type d’approche ».

Les intervenants sont majoritairement des universitaires. Il s’agit de médecins, de chercheurs en neurosciences en psychologie qui viennent de France, de Belgique et de Suisse.

À qui est-il ouvert ?

Le DU est ouvert à tous les soignants diplômés et qui pratiquent une activité clinique au contact des patients : médecins, pharmaciens, infirmières, sophrologues, kinésithérapeutes…

L’autorisation pédagogique d’inscription se fait à partir de l’analyse d’un CV et d’une lettre de motivation décrivant un contexte professionnel d’interface de relation de soins avec des patients.

Inscription pédagogique préalable auprès du Pr Corinne Isnard Bagnis

E-mail : corinne.bagnis@psl.aphp.fr

Renseignements, tarifs et dossier téléchargeable : www.fmpmc.upmc.fr

Soigner les soignants. Diplôme interuniversitaire Faculté Paris Diderot et Faculté de médecine de Toulouse Rangueil.

Les Prs Eric Galam et Jean-Marc Soulat proposent – par le biais d’un diplôme interuniversitaire (3) – d’harmoniser les compétences des soignants qui travaillent dans la constellation de dispositifs d’entraide des soignants qui existe en France. Leur but : créer un socle commun, première étape d’une articulation et d’une harmonisation des associations qui se sont développées depuis moins de dix ans dans notre pays, telles que l’AAPML (Association d’Aide Professionnelle aux Médecins Libéraux 0826 004 580) ou le réseau de l’association MOTS (0608 282 589).

Pourquoi ce DIU ?

Le Pr Galam explique : « Le premier dispositif d’aide aux médecins français en difficulté psychologique dans l’exercice de leur profession a été crée en 2005 (AAPML). Il aura fallu dix ans pour que l’on prenne la mesure des besoins et de la nécessaire montée en charge des réponses à apporter à nos confrères et à notre profession qui en ont bien besoin. »

« Notre objectif, poursuit-il, est de former des professionnels capables d’intervenir aussi bien dans le domaine de la prise en charge, que pour l’orientation et la prévention à travers les connaissances et les expériences que nous avons en France mais qui nous viennent également de pays étrangers (Québec, Suisse, Catalogne…). »

Quels sont les objectifs de la formation ?

« Nous souhaitons faire connaître aux participants les particularités de la santé des médecins, notamment celles induites par l’exercice médical. Notre but : faire du médecin-patient l’acteur de sa santé, continue le Pr Galam. Cette formation devrait contribuer à échanger sur les moyens de prévenir et de gérer l’impact sur la santé des risques liés à l’exercice médical, ainsi que les moyens de préserver l’équilibre psychologique et la santé mentale des médecins. »

Comment se déroule la formation ?

Entre décembre 2015 et octobre 2016, 4 séminaires de deux jours réuniront les participants soit à Paris, soit à Toulouse. Les thèmes abordés ont trait aux particularités du médecin-patient, à la santé mentale, au burn out, aux addictions, aux erreurs médicales et aux moyens de prise en charge.

À qui est-elle ouverte ?

Tous les médecins désireux de s’impliquer individuellement ou collectivement dans la prise en charge de leurs confrères malades sont les bienvenus. L’accord des organisateurs est obtenu après un échange verbal ou électronique.

Quels seront des débouchés possibles ?

« Il n’est pas impossible que nous obtenions à terme la qualification. À ce stade, mieux connaître les fragilités et maladies des médecins, c’est aussi mieux soigner ses propres confrères mais aussi mieux prendre soin de soi, de sa santé et de son équilibre professionnel », fait valoir le Pr Galam.

Inscription pédagogique préalable auprès du Pr Eric Galam

E-mail : egalam@hotmail.com

Renseignements, tarifs et dossier téléchargeable : http://www.medecine.univ-paris-diderot.fr

Dr I. C

Source : Le Quotidien du Médecin: 9434
Sommaire du dossier