Tiers payant à la Réunion : la CSMF dresse un bilan accablant

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Publié le 11/05/2015

Crédit photo : S. Toubon

À la faveur d’un déplacement sur l’île de la Réunion*, où le tiers payant intégral (part obligatoire et complémentaire) est déjà massivement utilisé, le président de la CSMF Jean-Paul Ortiz dresse ce lundi un « constat alarmant » de la situation dans ce laboratoire grandeur nature de la dispense d’avance des frais.

« Les actes non réglés représentent 10 % des actes réalisés par les médecins de l’île qui pratiquent ce tiers payant pour la partie obligatoire et pour la partie complémentaire, affirme le leader confédéral. La plupart des médecins font ainsi passer en pertes et profits 10 % de leurs honoraires ! ».

Flux unique, problèmes nombreux

Le système technique de gestion de la dispense d’avance de frais ne serait pas à la hauteur, à la fois coûteux et peu efficient. « Le flux unique d’envoi mis en place face aux nombreuses complémentaires oblige les médecins à s’abonner à un concentrateur pour l’envoi de leurs feuilles de soins électroniques, ajoute la CSMF. Celui-ci coûte entre 10 et 45 euros par mois aux médecins. Pourtant, cela ne garantit pas un paiement effectif des régimes obligatoire et complémentaire ».

Toujours selon le syndicat, les médecins dénoncent « unanimement » des dysfonctionnements du tiers payant liés au dispositif du médecin traitant et au parcours de soins (la pénalité hors parcours est attribuée au médecin). Autre constat : le tiers payant intégral généralisé « a bien des effets inflationnistes », les professionnels l’utilisant largement du fait de la sociologie de la population, et constatant « une augmentation du nombre d’actes, favorisé par le nomadisme médical ».

La CSMF y voit la confirmation qu’il faudrait d’abord « résoudre les difficultés du terrain » avant d’envisager la généralisation du tiers payant que la loi de santé prévoit (par étapes) d’ici à la fin de 2017.

Où est la médecine de proximité ?

Ce n’est pas tout. À l’occasion de ce même déplacement, le Dr Ortiz s’alarme de l’extrême fragilité de la médecine libérale et des répercussions « catastrophiques » sur la prise en charge de proximité. Selon le patron de la CSMF, la pénurie avérée de praticiens libéraux à La Réunion, mais aussi à Mayotte, « favorise le recours inadapté à l’hôpital dans les services d’urgences et les services de spécialités », contribuant à la désorganisation du système de santé.

Le syndicat (qui évoque une situation similaire aux Antilles et en Guyane) tire les enseignements de ces exemples préoccupants venus d’outre-mer et n’hésite pas à faire le lien avec la loi de Marisol Touraine... Le recrutement prioritaire de praticiens dans le secteur public, la fragilisation de l’exercice libéral, le « sacrifice » de la médecine de proximité ou encore le tiers payant généralisé : autant d’éléments qui justifient de « s’alarmer du passage de la loi de santé ». CQFD ?

* Déplacement du 29 avril au 6 mai dans le cadre de la campagne pour les élections aux URPS.

Source : lequotidiendumedecin.fr
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