Trois questions à…

Dr Philippe Arramon-Tucoo Président de la conférence nationale des URPS-ML

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Publié le 09/07/2021
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LE QUOTIDIEN : Comment analysez-vous la nouvelle donne médicale dans les régions ?

Dr ARRAMON-TUCOO : Le paysage syndical a changé de façon incontestable avec une poussée des organisations monocatégorielles – MG France pour les généralistes et Avenir Spé-Le BLOC pour les spécialistes – et l'arrivée de l'UFML-Syndicat. Cette multiplication d'acteurs liée aux divisions syndicales se traduit au niveau des bureaux des Unions où certains syndicats comme MG France ou la CSMF ont été exclus. Cette balkanisation est regrettable au moment où la question de la coordination entre les médecins des différentes spécialités se pose urgemment et où l'unité de la profession est nécessaire pour défendre les fondements de la médecine libérale, qui sont clairement en danger.

Cette division complique-t-elle le mandat des nouvelles URPS ?

La cohésion au sein des Unions, mais aussi de la conférence nationale, me paraît indispensable si on veut faire bouger les lignes. Ce mandat sera décisif pour l'avenir des URPS. On ne sait pas trop ce que le gouvernement souhaite en faire ! Il y a eu quelques signes peu encourageants. De façon unilatérale, on apprend par exemple que les cotisations des Unions vont servir à financer les syndicats. Ensuite, la réduction du nombre d'élus n'incite pas à faire progresser le travail.

En face, des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) se développent avec une représentation nationale qui n'est pas favorable à ce que les URPS perdurent. Face à ces baronnies, les Unions vont devoir montrer leur capacité d'innovation et s'impliquer dans les décisions organisationnelles – qu'il s'agisse justement de la coopération ou du futur service d'accès aux soins.

Cette division syndicale fragilise aussi notre conférence nationale. Mon mandat arrive à échéance en septembre. Un nouveau président sera élu à l'issue d'une assemblée générale rassemblant des nouveaux présidents d'URPS. J'espère qu'ils auront l'intelligence de s'entendre ! Avant mon arrivée, la conférence a vécu une crise interne, avec un risque d'éclatement réel. Plusieurs URPS avaient menacé de créer une fédération des URPS-ML. Mais sous ma mandature, j'ai réussi à conserver la cohésion et toutes les Unions étaient présentes. Pour éviter cet éclatement, la CN doit rester un organe technique et non pas politique pour ne pas interférer dans le rôle des syndicats.

Sur quel type d'actions la conférence nationale va-t-elle accompagner les Unions ?

Nous accompagnons les URPS sur le plan technique et logistique sur toutes leurs missions. Dans les prochains mois, le numérique et la télémédecine seront des enjeux essentiels pour la médecine libérale. Il faudra pouvoir échanger les informations de façon sécurisée et surtout déployer partout les projets intéressants.

Je prends l'exemple de ma région, la Nouvelle Aquitaine. L'URPS a financé et développé une plateforme de télémédecine qui fonctionne très bien avec une téléconsultation, une télé-expertise et un agenda partagé. On a aussi monté une plateforme de télé-imagerie pour mutualiser les astreintes de la région. Et ça marche ! Pourquoi ne pas faire profiter les autres régions de ces outils numériques développés par les libéraux ? L'objectif est aussi de mutualiser les efforts financiers et administratifs de façon à ce que plusieurs régions puissent travailler sur un même projet. C'est à la CN de faire le lien et de créer des conditions pour travailler ensemble.

Propos recueillis par Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin