Définie sur des critères d'exploration respiratoire fonctionnelle, la BPCO reste encore largement sous diagnostiquée : « seul un tiers des patients BPCO vus en médecine générale sont étiquetés comme tels », rappelle le Pr Christian Ghasarossian, qui souligne que tous les généralistes ne sont pas équipés et formés à l'utilisation d'un spiromètre, « pas seulement faute de temps : ce n'est nécessairement pas leur mission ». De plus, les recommandations professionnelles nationales et internationales ne valident pas, pour le moment, le dépistage systématique de la BPCO.
Par ailleurs, la BPCO n'est pas une maladie uniquement respiratoire. Elle est dans la majorité des cas liée à une inflammation chronique secondaire, le plus souvent au tabagisme. Ainsi, dans 95 % des cas, les patients présentent d'autres pathologies, telles un diabète de type 2 ou une coronaropathie, dont les effets délétères se potentialisent. « Traiter aussi les comorbidités est essentiel pour réduire la morbimortalité chez ces patients et de ce fait, les médecins généralistes doivent être au cœur de la coordination des soins », estime le Pr Ghasarossian.
Un nouvel outil de repérage
« Les grilles de repérage actuelles de la BPCO ont une sensibilité et une spécificité insuffisantes et ne prennent pas en compte les comorbidités. Ceci a conduit à l'élaboration d'un nouvel outil de repérage des BPCO les plus sévères ou avec le plus de comorbidités », poursuit le Pr Ghasarossian. Cet outil a dans un premier temps été validé, comparativement à la spirométrie, dans un service de pneumologie, ce qui a fait l'objet d'un travail de thèse et d'une publication (à venir) dans la Revue des maladies respiratoires. Dans un deuxième temps, il va être évalué comparativement à la spirométrie en médecine générale.
« La BPCO est un modèle de réflexion sur la coordination des soins des patients chroniques, qui représentent quelque 60 % des situations vues en médecine générale », rapporte le Pr Ghasarossian. La majorité des patients BPCO peuvent être gérés en ambulatoire, sachant que les symptômes respiratoires ne sont pas toujours au premier plan, ni les plus urgents à prendre en charge. Le généraliste est à même de définir les priorités, comme un diabète mal équilibré par exemple. « Il faut améliorer le parcours de soins des patients souffrant de BPCO, notamment en laissant la coordination de leur prise en charge à leur médecin traitant », conclut le Pr Ghasarosian, un des participants à la table ronde sur ce thème lors du congrès.
Entretien avec le Pr Christian Ghasarossian, Faculté de médecine Paris Descartes, médecin généraliste (Palaiseau).
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