Posture

La statique devient mouvement

Publié le 17/10/2012
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L’ÉVALUATION de l’équilibre bénéficie grandement des avancées technologiques instrumentales. En effet, alors qu’il était classique d’étudier un patient en position supposée statique, la tendance actuelle est à l’analyse du mouvement pour détecter les stratégies d’équilibration impliquant différents segments. « La conception mécanique nouvellement appliquée à l’étude de l’équilibre, est issue d’un modèle du corps humain assimilé à un pantin articulé, composé de différents segments (pied, jambe, cuisse, bassin, etc.) : elle permet de mieux cibler ce qui se passe au niveau de certaines articulations clés et de relier ces informations aux lésions constatées », explique le Pr Pierre Moretto (Toulouse).

Instrumentation.

Jusqu’à présent, le médecin biomécanicien travaillait avec une plateforme de forces et de pressions sur un patient debout et immobile. Il obtenait donc des résultats intéressants en statique, mais c’était insuffisant pour être renseigné sur l’équilibre du patient au cours des différents mouvements.

Aujourd’hui, le recours à des marqueurs inertiels ou à l’optoélectronique, permet de reconstruire intégralement le mouvement grâce aux données des caméras ou capteurs et aux logiciels. La détection et l’identification automatique du mouvement à partir de ces appareillages sont en plein essor sur le plan expérimental. Ces informations viennent donc compléter l’analyse posturale classique. « Ce type d’analyse va immanquablement se développer et j’en tiens pour preuve que les nouveaux appareils arrivant sur le marché, proposent toujours une analyse des forces et des pressions, mais de façon couplée à un système simplifié de caméras afin d’identifier les mouvements qui posent une difficulté technique. Et si leur détection automatique ne suffit pas en soi, elle apporte une aide complémentaire intéressante à l’analyse clinique » insiste le Pr Moretto.

Le développement technique des capteurs présents dans les plateformes existantes permet une analyse toujours plus fine et plus fiable des mouvements. Leur technologie encore onéreuse en limite le nombre par appareil (on en compte environ 4 au centimètre carré), mais demain, avec l’apport des nanotechnologies, il devrait être possible d’en avoir 10 ou 20 fois plus à prix plus abordable. La précision de la mesure aidant, il va être également possible de mettre ces données en relation avec une partie du cerveau lésée, une articulation défaillante, etc. « Les cliniciens et les biomécaniciens, qui n’ont jamais autant travaillé ensemble, vont donc être amenés à collaborer de façon encore plus étroite ! » conclut le Pr Moretto.

D’après un entretien avec le Pr Pierre Moretto, président du comité d’organisation du congrès de la société de biomécanique, Toulouse.

Dr NATHALIE SZAPIRO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9176