Mesurer in vivo la production et la dégradation des protéines pathologiques dans les maladies neurodégénératives, c’est tout l’objet de l’étude menée par le Dr Audrey Gabelle, neurologue au CHU de Montpellier. Greffée à un protocole établi par l’hôpital de la Washington University de Saint-Louis dans le Missouri, l’étude menée à Montpellier observe actuellement chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et des patients non atteints par cette pathologie, les différences de production et de dégradation de plusieurs centaines de protéines contre une poignée aux États-Unis.
Selon le protocole, publié dans « Clinical Chemestry », le patient est hospitalisé pendant quatre jours. Après une IRM, tests de mémoire et prise de sang, il est dès le lendemain perfusé pendant 9 heures. « Pour suivre les protéines pathologiques, nous opérons un marquage métabolique de ces protéines grâce à une injection de leucine marquée au Carbone 13 », explique le Dr Christophe Hirtz, biologiste au CHU. Ces protéines sont ensuite dosées dans le liquide céphalo-rachidien, prélevé en quantité infime, toutes les heures pendant 6 heures grâce à un cathéter posé en péridural. Un spectromètre de masse de marque Bruker (coût 750 000 euros) permet le suivi parallèle de quelque « 500 protéines ».
« Ces protéines sont en lien avec les marqueurs du sommeil, de la lumière, de l’alimentation, ou encore du stress. Le but est de comprendre dans un modèle dynamique comment et en fonction de quoi elles interagissent entre elles et s’accumulent dans le cerveau pour donner les lésions et les signes cliniques de la maladie d’Alzheimer », poursuit Audrey Gabelle.
Le problème vient-il de la production ou de la dégradation de ces protéines ? L’étude entend y répondre. Le rêve de l’équipe de recherche, qui compte recruter 20 patients atteints de la maladie d’Alzheimer pour autant de patients sains, serait « peut-être, à terme, de jouer sur le rythme des protéines, les moduler et réduire les lésions cérébrales. Il sera également intéressant de voir si les mécanismes sont les même en fonction des individus, du stade de la maladie, des cofacteurs métaboliques comme le diabète.... ou pas. »
En sus de ces analyses, les patients inclus sont suivis tous les trois mois. Ils ne subissent plus de prélèvements par péridurale mais des analyses de sang et de salive.
Article précédent
Il y a toujours quelque chose à faire
Des mesures simples comme la surveillance du poids corporel
Les bienfaits de l’activité physique
Savoir repérer le patient
Une personne fragile, à protéger
Des mesures pour prévenir et prendre en charge leur souffrance
La rééducation intensive, une arme supplémentaire dans la lutte contre la maladie
Ne pas laisser une dépression sans traitement
Dans l’attente d’un feu vert ministériel
Des pistes pour repérer et mettre fin à la maltraitance
Le diagnostic positif est clinique
Les dispositifs SAPTE restent trop méconnus
Il y a toujours quelque chose à faire
Mieux comprendre
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes