Personnes âgées maintenues à domicile

Des pistes pour repérer et mettre fin à la maltraitance

Publié le 12/11/2015

Les maltraitances envers les personnes âgées à domicile peuvent être physiques (coups, mauvaises manipulations...), psychologiques (humiliation, insulte, harcèlement, menace, abandon...), médicales (excès ou privation de soins ou de médicaments) ou financières (vols, malversations...).

Pour tenter d’y mettre fin, la Fédération 3977 a mis en place, depuis 2008, un numéro national d’écoute (le 3977) accessible à tous (professionnels de santé et particuliers), de 9h00 à 19h00 du lundi au vendredi. « L’écoute est réalisée par des salariés, pour l’essentiel psychologues cliniciens, formés au repérage et à la prise en charge de la maltraitance des personnes âgées et des adultes handicapés. Il est très important qu’une personne qui repère une situation de maltraitance (ou à risque de maltraitance) la signale rapidement. Il ne faut pas la laisser s’installer. Nos écoutants sont là pour comprendre, guider et orienter toute personne suspectant un cas de maltraitance envers une personne âgée, de façon neutre et bienveillante », indique le Dr Bernard Duportet, co-président d’honneur de la Fédération 3977 contre la maltraitance, président de l’Association départementale 91 pour la bientraitance et les droits des personnes âgées et des adultes en situation de handicap (AGE91).

Depuis 2008, 60 000 dossiers de maltraitance ou de situations à risques de maltraitance ont été ouverts par les salariés de la Fédération 3977. D’après le dernier rapport d’activité, en 2014, 14 689 appels ont été traités par les professionnels de cette fédération. Concernant les personnes âgées, en 2014, les maltraitances psychologiques ont été en première ligne, suivies des violences physiques et des abus financiers.

Prévenir et répondre aux maltraitances

Quant aux négligences passives (ou maltraitance « par inadvertance », sans intention de nuire), elles sont en baisse par rapport à 2013 mais restent importantes. « Beaucoup de professionnels des services d’aide à domicile sont de bonne volonté mais ils ne sont souvent pas assez formés à la prise en charge des personnes âgées. Il peut en résulter des maladresses ou des brusqueries (par exemple, lorsqu’il s’agit de faire la toilette) qui peuvent être mal vécues par les personnes âgées. Nous proposons des formations à la prise en charge des personnes âgées dépendantes pour tous les professionnels des secteurs sanitaires et sociaux. Ces formations permettent de prévenir la plupart des maltraitances par inadvertance. Malheureusement, les professionnels des services d’aide à domicile y ont difficilement accès, faute de moyens suffisants à la formation », explique le Dr Marie-France Maugourd, gériatre, présidente de la Fédération des réseaux de santé gérontologiques d’Ile-de-France.

Les professionnels de santé - notamment le médecin traitant- doivent pouvoir repérer la maltraitance exercée chez une personne âgée par le biais de l’examen clinique et du dialogue. Mais dans les faits, ce repérage peut être extrêmement difficile. Les personnes âgées refusent parfois d’avouer qu’elles sont victimes d’actes de maltraitance (ou minimisent ces actes), notamment lorsqu’ils émanent d’un proche, ou d’un membre de la famille. « Tout le travail du médecin généraliste, proche de son patient est alors d’aider la personne âgée à se confier, à parler en toute confiance. Néanmoins, face à une suspicion de maltraitance, le généraliste ne peut rester seul. C’est en travaillant en collaboration avec les services sociaux, les réseaux de santé gérontologiques, les CLIC (Centres locaux d’information et de coordination gérontologique) et les associations départementales (qui traitent une situation de maltraitance signalée au 3977) qu’une réponse à la maltraitance peut être apportée dans des conditions optimales », conclut le Dr Maugourd.

*Appels de 9h à 19h, hors week-end.
Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9449