Dans le cadre de la relation aidant/aidé, l’attention des professionnels de santé et des services sociaux se focalise, le plus souvent, sur la personne âgée dépendante. La santé physique et psychique de l’aidant proche, familial - non professionnel - qui vient en aide à la personne âgée dépendante est, rarement, prise en charge. Or, le rôle de l’aidant d’une personne âgée dépendante est primordial : sa présence et son accompagnement dans la réalisation de toutes les activités du quotidien permettent au senior de rester à son domicile, le plus longtemps possible.
À force d’être sollicité (parfois même la nuit), l’aidant finit souvent par s’épuiser et se négliger. Très souvent, sa charge de travail en tant qu’aidant est si importante qu’il est contraint de reporter ses propres examens médicaux. Son état de santé se détériore, alors, petit à petit.
Pour prévenir et prendre en charge la dépendance et la souffrance des personnes âgées et de leurs aidants, le Dr Jean-Pierre Aquino (directeur du pôle médico-social de l’hôpital La Porte Verte à Versailles) a remis au ministère de la Santé, le 18 septembre dernier, le plan national d’action de prévention de la perte d’autonomie qui s’inscrit dans le cadre du projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement*. Ce plan repose sur la prévention globale (gestion d’un capital autonomie tout au long de la vie). Sa mise en œuvre est confiée aux médecins généralistes, médecins du travail et du sport. Mais aussi, aux structures hospitalières appelées à se mobiliser autour du risque de perte d’autonomie et de la préparation au retour à domicile. Le déploiement de ce plan doit être assuré par les conférences départementales des financeurs (créées dans la loi sur le vieillissement). Quant à son suivi, il est confié au futur Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge.
Un rôle de répérage
Le plan se décline en une trentaine de fiches actions, classées selon 6 axes : prévention primaire, secondaire (éviter les pertes d’autonomie), tertiaire (éviter leur aggravation), réduction des inégalités sociales, formation des professionnels, évaluation et recherche. Il comporte notamment une fiche action dédiée à la santé des aidants. « L’objectif premier est de confier au médecin traitant un rôle de repérage de l’épuisement du proche aidant. De fait, lors d’une consultation, le dialogue instauré dans le cadre du colloque singulier doit lui permettre de détecter un mal-être et/ou des signes d’anxiété inhabituels chez son patient. Par ailleurs, il dispose également d’un outil d’évaluation de la souffrance des aidants naturels contribuant au maintien à domicile d’une personne âgée. Il s’agit de la grille Mini-Zarit : par le biais des 5 questions que comporte ce questionnaire, le médecin peut évaluer le niveau de fardeau ressenti par l’aidant. La collaboration étroite entre le médecin traitant et les services sociaux de proximité doit, par ailleurs, permettre de mettre fin à l’isolement et aux éventuelles réticences de certains aidants à se faire aider », explique le Dr Aquino.
Autre point important : le médecin traitant a la possibilité de prévoir une consultation longue à domicile (cotée à 46 euros) réunissant la personne âgée (ayant des troubles cognitifs), l’aidant familial et le service social. « Cette consultation conventionnelle, souvent méconnue, peut être l’occasion de détecter une souffrance chez l’aidant. Dans la loi, il est également prévu un droit au répit de l’aidant, avec une enveloppe de 500 euros par an et par personne aidée », note le Dr Aquino. Cet argent peut servir à financer un hébergement temporaire ou un accueil de jour pour personnes âgées dépendantes afin de décharger l’aidant.
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