Prévention des chutes des personnes âgées

Les bienfaits de l’activité physique

Publié le 12/11/2015

« Avez-vous fait une chute durant les six derniers mois ou la dernière année ? Avez-vous peur de tomber ? Devez-vous faire attention en marchant pour ne pas tomber ? » Trois questions simples mais clés face au patient senior permettent de poser le problème en consultation.

« Il faut bien faire passer le message que ce n’est pas quelque chose de normal de tomber. Une chute pour les personnes âgées, c’est vraiment se faire mal. Pourtant, mettre la main au sol, c’est une chute, même si on ne s’est pas allongé de tout son long », insiste le Pr Hubert Blain (Département de gériatrie, Centre de prévention et de traitement des maladies du vieillissement Antonin Balmes, CHU Montpellier). Outre ces questions, l’évaluation du risque de chute peut s’aider d’investigations cliniques incluant un test d’équilibre en appui unipodal, voire le timed up and go. « On met le patient assis à 3 mètres d’un mur et on lui demande de se lever, d’aller jusqu’au mur de faire le tour de la chaise et de s’asseoir. S’il le fait en moins de 14 secondes il ne tombera pas. En plus de 20 secondes, il a des troubles de la marche et entre les deux, c’est selon l’avis du médecin », résume le Pr Blain.

Cercle vertueux

Chez les patients jugés à risque significatif de chute lors de ce bilan de débrouillage, les médecins rechercheront les facteurs étiologiques, médicaux, psychologiques, comportementaux et environnementaux. Les patients pourront être, en cas de besoin, orientés vers une consultation gériatrique spécifique de proximité de « prévention de la chute ».

L’activité physique doit constituer un pilier de la démarche préventive et de la prise en charge des patients à risque de chute. « Elle va jouer sur plusieurs éléments de la boucle d’adaptation posturale. Cela contribue à stimuler le vestibule de l’oreille interne et la proprioception. On pense que l’activité physique joue aussi sur plusieurs éléments cérébraux : on va avoir une meilleure intégration des informations des systèmes sensoriels, le patient va mieux reconnaître les accélérations, mieux se rendre compte où il est dans l’espace. S’il est amené à être bousculé ou déséquilibré, il va ainsi pouvoir réagir plus vite », décrit le Pr Blain. La pratique d’une activité physique influe parallèlement sur d’autres facteurs de risques : « Le patient a tendance à être plus en forme, il va mieux dormir, moins consommer de médicaments, en particulier d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques, eux-mêmes responsables de chute. Il va alors ressentir un bien-être qui va favoriser le fait de faire plus d’activité. Il entrera ainsi dans un cercle vertueux qui l’aidera à regagner en autonomie », relève le Pr Blain.

Travail d’équilibre

Globalement, l’incidence des chutes peut être réduite de 30 %, via la correction des facteurs de risque de chute, chez les patients à risque significatif de chute, et chez tous les sujets âgés, via des programmes d’activité physique dont la durée et l’intensité doivent être suffisantes (durée supérieure à trois mois, à raison de deux séances d’une heure par semaine). Pour être efficaces, ces programmes comprennent un travail de base sur l’équilibre, doublé d’activités de renforcement musculaire et complété de cessions d’éducation à la santé. Pour les profils de patient les plus à risque de chute, l’orientation vers une structure spécialisée permet de mieux cibler le programme d’activités à dispenser. À Montpellier, le centre régional « équilibre et prévention de la chute » du CHU propose une évaluation complète du patient faisant intervenir un médecin gériatre, un médecin rééducateur, un kiné, une ergothérapeute et un podologue. « Ainsi, en seulement une matinée, on fait le tour du problème et l’on décide selon le niveau d’autonomie du patient, s’il est préférable de l’orienter vers des activités en groupes encadrées par des spécialistes de l’activité physique ou si le recours au kinésithérapeute est plus approprié », indique le Pr Blain.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du Médecin: 9449