Médecine esthétique

La coquetterie est aussi masculine

Publié le 25/11/2013
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Crédit photo : PHANIE

« PLUS ILS SONT JEUNES, plus ils sont demandeurs », constate le Dr Catherine De Goursac, médecin esthétique à Paris. En dix ans, sa patientèle masculine est passée de 5 à 20 %. Preuve de la fin d’un tabou, largement assumé par les jeunes générations. Des hommes de 20-35 ans, des adolescents même, qui viennent chercher l’assise esthétique qui leur manque. Cicatrices d’acné, visage creux, teint cireux, l’imperfection est devenue intolérable. « Ils ont été élevés avec l’idée qu’il fallait prendre soin de soi », explique la spécialiste. Résultat : « Ils veulent avoir l’air toujours en forme », ajoute-t-elle. Pas question de laisser passer un signe de fatigue. Paraître sain, frais et dispos à toute épreuve, tel est l’enjeu de leur préoccupation.

Anti-fatigue. Loin de généraliser ce constat, le Dr De Goursac précise : « Les hommes qui viennent sont avant tout des hommes qui prennent soin d’eux, ou qui sont décidés à se prendre en charge. » Plus que la volonté de séduire ou de rajeunir, la motivation principale de ces « patients » est d’optimiser leurs chances de réussir. « Ceux qui viennent ont réalisé l’impact socio-professionnel de leur physique », lance la spécialiste. Montrer à son boss qu’on assure, imposer le respect, la bonne mine apparaît comme la clé du succès. Dans cette quête, rien de pire que les cernes : « Elles donnent l’allure du dominé, c’est pour cette raison que les jeunes viennent pour les gommer, pour retrouver un aspect de dominant », analyse le Dr Catherine de Goursac. Ainsi, la mode n’est plus à la négligence mais au look maîtrisé. La consultation de médecine esthétique suit cette évolution. La spécialiste souligne l’évolution des représentations : « Tandis que les hommes de la cinquantaine viennent en s’excusant, les jeunes ne montrent pas la moindre gêne. »

One shot.

Les demandes, aussi, varient d’une génération à l’autre. Quand les anciens s’inquiètent de leurs rides, de leur vallée des larmes - prolongement d’un cerne marquant un trait parallèle au sillon naso-génien - d’une couperose ou d’une pilosité naso-auriculaire, les plus jeunes ambitionnent un visage « frais et dispos ». Certains viennent déjà renseignés sur les techniques esthétiques existantes. Un one shot de botox pour les marques d’anxiété, une injection d’acide hyaluronique pour les cernes, du volumateur pour rehausser les traits, les hommes recherchent un effet rapide et efficace. Cependant, « les plus jeunes ont plus de facilité à avoir des séances récurrentes, comme les LED, la radiofréquence et les peelings, ce qui n’est pas le cas des plus matures ». Ainsi, ceux à la coquetterie masculine bien assumée n’hésitent pas à recourir à quelques séances d’épilation laser pour redessiner une barbe, nettoyer des épaules ou un dos trop poilus. Dans tous les cas, « le traitement doit être personnalisé », insiste le Dr De Goursac. Car si les hommes sont « moins compliqués, plus satisfaits que les femmes, et plus fidèles », ils exigent du praticien autant de rigueur qu’ils s’imposent à eux-mêmes : « Ils sont prêts à dépenser plus mais ils veulent du résultat », remarque-t-elle.

 Dr ADA PICARD

Source : Le Quotidien du Médecin: 9283