CONTRAIREMENT à une idée reçue, dans un couple, il n’y a pas que la femme qui peut être responsable d’une infertilité. L’infertilité masculine est souvent explorée trop tardivement. Or, elle est en cause dans 1/3 des cas, tout comme l’infertilité féminine. Dans le tiers restant, les deux partenaires sont impliqués. Un bilan masculin systématique doit être réalisé en parallèle à celui de la femme. Il est indispensable dans la démarche étiologique et thérapeutique.
Le bilan initial commence par un interrogatoire à la recherche de facteurs de risque tels que des antécédents médicamenteux (ou exposition à des toxiques), chirurgicaux ou tous les événements susceptibles de perturber les fonctions testiculaires : non descente des testicules, épisode de torsion testiculaire, traumatisme du testicule ou pathologie infectieuse (orchite, orchi-épididymite)… « Dans notre centre, environ 40 % des hommes ont dans leurs antécédents des facteurs de risque, explique le Dr Roger Mieusset (CHU Toulouse) mais cela n’explique pas tout, il ne s’agit que d’un facteur surajouté qui perturbe la spermatogénèse ». Ensuite, l’examen clinique doit être complet avec une attention spéciale portée aux organes génitaux externes. « Il y a un signe facile à dépister pour tout médecin : la taille du testicule. Plus elle est petite et moins il y a de multiplications des cellules germinales à l’origine des spermatozoïdes... », souligne le praticien.
Fertilité n’est pas virilité.
L’examen essentiel est le spermogramme permettant d’étudier notamment le nombre de spermatozoïdes, leur mobilité et le pourcentage de spermatozoïdes vivants. « Les hommes sont souvent perturbés par les résultats. Il faut prendre le temps de bien leur expliquer et surtout leur rappeler que la fertilité n’a aucun rapport avec la virilité. Pour réussir la prise en charge, il faut absolument que l’homme comprenne ce qui se passe », souligne le Dr Roger Mieusset. Cet examen du sperme est important car il existe des traitements anti-inflammatoires qui peuvent augmenter le pourcentage de spermatozoïdes vivants et des traitements anti-oxydants contre les troubles de la mobilité.
Il faut ensuite toujours rechercher la cause de ces paramètres spermatiques défaillants (cause génétique, infectieuse, obstructive…). Des examens complémentaires sont alors réalisés, en particulier un bilan hormonal : dosage de la FSH et en présence d’autres signes cliniques, dosage de la LH et de la testostérone. Une échographie scrotale ou endorectale peut également être réalisée afin de visualiser tout l’appareil urogénital mâle et de dépister des obstructions des voies séminales (canaux déférents).
L’objectif du bilan est de diagnostiquer une pathologie nécessitant un traitement étiologique susceptible de restaurer une meilleure fertilité.
« Cependant, dans près de la moitié des cas, l’étiologie de l’infertilité n’est pas trouvée », déclare le Dr Roger Mieusset. Il reste encore beaucoup d’inconnues et les problèmes de fertilité et de contraception masculine sont intimement liés.
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