L’HOMME consulte volontiers pour des troubles mictionnels : symptômes obstructifs (dysurie initiale, jet faible intermittent, gouttes retardataires) et irritatifs (impériosités, pollakiurie). « Le calendrier mictionnel confirme la pollakiurie sur l’ensemble du nycthémère et élimine la polyurie nocturne isolée liés à des apports liquidiens majoritairement vespéraux », souligne le Pr Stéphane Droupy, Service d’urologie-andrologie, CHU Nîmes. Les questionnaires patients sont utiles pour quantifier les troubles mictionnels mais aussi érectiles : IPSS, IIEF5 téléchargeables sur www.urofrance.fr ou application gratuite smartphone « imale ». « Ils sont un bon moyen d’aborder le sujet de la santé sexuelle, explique le Pr Stéphane Droupy. On se borne souvent à traiter le trouble urinaire sans s’enquérir des érections or tous les hommes n’osent pas en parler spontanément. Posez la question : plus 50 % des hommes rapportent des difficultés érectiles dès la 1re consultation pour troubles mictionnels ». Complètent cette consultation le toucher rectal et en cas de dysurie importante ou d’impression de miction incomplète, une débitmétrie et une échographie seront pratiquées.
Des troubles mictionnels isolés peuvent être traités en 1ère intention par extraits de plantes ou α-bloquants. Lorsqu’ils s’associent à des troubles érectiles, en 1ère intention on peut proposer soit l’association α-bloquant et un inhibiteur de la phosphodiétérase de type 5 (sildénafil, vardenafil ou tadalafil) à la demande soit le tadalafil en une prise quotidienne, traitement coûteux non pris en charge par la sécurité sociale. Si les troubles mictionnels ne cèdent pas, on peut proposer en 2e intention, un traitement par α-bloquants et inhibiteurs de la 5 alpha réductase (dutastéride, finastéride) « en prévenant que ces derniers peuvent avoir pour effets secondaires anéjaculation ou impuissance. Ils diminuent le risque de cancer de la prostate… mais augmentent celui de cancer prostatique de haut grade ! ». La chirurgie est une alternative.
Un marqueur du risque cardiovasculaire.
Le Pr Stéphane Droupy rappelle que l’an dernier le tadalafil a eu une double AMM dans l’HBP et la dysfonction érectile. « Au-delà du buzz médiatique, souligne-t-il, Il y a un rationnel. La relaxation des fibres musculaires lisses permet d’améliorer la qualité des érections et également les symptômes du bas appareil urinaire en rapport avec une hyperplasie bénigne de la prostate. La dysfonction érectile est aujourd’hui reconnue comme un marqueur du risque cardiovasculaire dont elle partage les facteurs de risques (HTA, tabagisme, obésité, sédentarité, diabète, hypercholestérolémie) ; L’existence d’une insuffisance érectile précède de 3 ans en moyenne les événements cardiovasculaires chez des patients qui ont des lésions coronariennes asymptomatiques. Voilà de multiples bonnes raisons de s’enquérir de la santé sexuelle des hommes qui consultent parfois pour tout autre chose, ce d’autant que l’on dispose aujourd’hui de traitement efficaces et accessibles ».
On retiendra avec le Pr Stéphane Droupy, qu’au-delà du traitement symptomatique des troubles mictionnels ou érectiles de l’homme de 50 ans, cette consultation est l’opportunité de faire le point sur un éventuel déficit androgénique (asthénie, apnée du sommeil, troubles de l’humeur ...) et de prendre en charge la santé de l’homme de façon plus globale (alcoolisme, tabagisme, obésité, diabète…).
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