« C’EST LE PREMIER cas de lymphome connu à ce jour avec les prothèses PIP », a indiqué ce jeudi à l’AFP Jean-Claude Ghislain, directeur de l’Évaluation des dispositifs médicaux à l’AFSSAPS. « C’est un cas unique, a-t-il ajouté. Il faut nous laisser le temps de l’évaluation. Il faut aller collecter des informations complémentaires ». « La chronologie, la nature du lymphome, car il y en a de toutes sortes », font partie des choses à préciser « avant de pouvoir considérer que cela remet en cause ou pas nos conclusions antérieures. Il faut une investigation approfondie », ajoute-t-il.
Selon la direction de l’institut Paoli Calmettes (Marseille), Edwige Ligoneche serait morte « d’un lymphome avec antécédents de complication sur prothèse mammaire ». Ces complications étaient « des réactions prothétiques de type siliconomes ». La patiente, prise en charge en mai 2011 dans le service hématologie, est décédée lundi des suites de son lymphome « ce qui en soi ne veut rien dire sur le lien avec la prothèse ». Philippe Courtois, l’avocat de l’association des Porteuses de Prothèses PIP (PPP) et de la famille d’Edwige Ligoneche, évoque pourtant une lettre du cancérologue dans laquelle celui-ci écrit « clairement que le lymphome s’est développé au contact de la prothèse qu’elle portait ». Ce médecin cancérologue « a pu évoquer deux études scientifiques internationales qui montrent une corrélation potentielle entre la survenue d’un lymphome et ces fameuses prothèses », a rectifié la direction de l’institut Paoli Calmettes. La famille de la patiente a, quant à elle, décidé de déposer plainte pour « homicide involontaire ».
Attentifs.
Pour le Dr Sébastien Garson, secrétaire général du Syndicat national de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique, qui n’a pas d’information sur ce dossier clinique, il semble en effet difficile de tirer une quelconque conclusion. « C’est un événement triste pour la patiente et sa famille. Mais jusqu’à présent, aucun travail scientifique ne permet d’établir un lien de cause à effet », confirme-t-il au Quotidien alors que vient de se clore, hier, le 56e congrès de la Société française de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique. « Nos cellules de veille n’ont rien rapporté mais nous restons attentifs », poursuit-il en prenant le soin de circonscrire le problème aux prothèses PIP. Le nombre de femmes porteuses des prothèses PIP est évalué en France à 30 000. Mais une grande partie de la production de la société PIP a été exportée notamment en Grande-Bretagne et en Espagne.
En mars 2010, l’AFSSAPS avait décidé la suspension de l’utilisation de ces prothèses, évoquant la possibilité d’un phénomène de suintement du gel de silicone (non destiné à un usage médical). Sans être cytotoxique, le gel est reconnu comme ayant un pouvoir irritant et pouvant entraîner des réactions inflammatoires. En avril dernier, l’agence recommandait d’élargir la surveillance des femmes porteuses d’implants PIP aux zones gangliaires axillaires - via un examen clinique et une échographie tous les six mois - et suggérait d’envisager l’éventualité d’un retrait des prothèses « même sans signe de détérioration ».
À cet effet, le Dr Dominique-Michel Courtois, médecin-expert de l’association PPP, qui doit être reçu le 14 décembre au ministère de la Santé, « pour y exposer les faits et exiger des solutions adaptées », demande que soit créé « un fonds d’indemnisation d’urgence » pour permettre aux femmes porteuses de ces prothèses de les enlever.
La secrétaire d’État à la Santé, Nora Berra, a confirmé aujourd’hui que les frais médicaux et chirurgicaux de ces 30 000 femmes étaient pris en charge par l’assurance maladie. « L’explantation est prise en charge par l’assurance maladie, c’est acté. De la même manière que la réimplantation dans le cadre de la reconstruction mammaire suite au cancer du sein », a-t-elle expliqué.
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