En France, la prévalence des troubles anxieux est estimée à 10 % sur douze mois et à 22 % à l’échelle de la vie entière. 80 % des troubles anxieux et dépressifs sont pris en charges en médecine générale. L’objectif d’une enquête menée en Poitou-Charentes (1) était d’analyser l’attitude des médecins généralistes ayant une activité de soins primaires face aux patients souffrant d’anxiété à l’aide d’un questionnaire en ligne. 170 médecins ont répondu. Les deux tiers des répondeurs étaient des hommes exerçant depuis plus de 15 ans dans trois quarts des cas. Une grande majorité (80 %) recevait plus de 20 patients par jour.
Les médecins interrogés étaient invités à répondre à 18 affirmations concernant l’anxiété et sa prise en charge en donnant, pour chacune d’entre elle, leur degré d’accord (DA) sur une échelle de Likert graduée de 0 à 10, 10 correspondant à un accord total. Premier constat : les médecins généralistes se sentent à l’aise et efficaces (DA = 7,9). Dans la majorité des cas, c’est surtout l’intuition qui permet de dépister des troubles anxieux (DA = 6,3) et moins les outils (DA = 4,3).
Les autres questions révèlent l’importance de l’écoute et du dialogue au cabinet du généraliste (8,5) mais aussi celles des psychothérapies structurées. Les médecins disent avoir souvent recours aux benzodiazépines mais accordent peu d’intérêt aux antidépresseurs.
Les souffrances au travail
Une autre enquête (2) dont l’objectif principal était de décrire la prise en charge de la souffrance psychique au travail par les médecins généralistes a été menée, après avis d’un comité d’éthique, auprès de 314 généralistes maîtres de stage universitaires. 27,7 % des médecins avaient suivi une formation concernant la souffrance psychique au travail. Concernant la stratégie thérapeutique, 98,1 % utilisaient l’arrêt de travail, 93,6 % l’écoute et 56,5 % des psychotropes. 74,4 % des médecins ayant suivi une formation en souffrance psychique au travail prescrivaient un arrêt de travail « très souvent » ou « toujours » contre 51,8 % des autres médecins. 69,3 % déclaraient adresser à un psychologue, 56,3 % à un psychiatre et 45 % à l’inspection du travail. 36,8 % des médecins ayant suivi une formation en souffrance psychique au travail contactaient le médecin du travail « très souvent » ou « toujours » contre 17,1 % des autres médecins (p ‹ 0,001). Les deux-tiers des médecins exprimaient la difficulté à joindre le médecin du travail, 41,2 % son manque d’efficacité.Deux voies d’action semblent se dégager : augmenter la formation des médecins et rendre les médecins du travail plus accessibles…
Communications du Bernard Freche, Poitiers et du Dr Cyril Begue, Angers
(1) Enquête menée par B. Freche, P. Poupin, Y. Brabant, P. Archambault, J. Gomes
(2) Cyril Bègue, Jean-François Huez, Natacha Fouquet, Julie Bodin, Aline Ramond, Céline Bouton, Yves Roquelaure
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