« La vieillesse biologique survient tardivement et nous le percevons de manière subjective dans nos consultations », constate le Pr Bernard Cortet, rhumatologue au CHU de Lille et président du Grio. Ainsi, « les complications de la maladie ostéoporotique, à savoir les fractures touchant les vertèbres, la hanche, le bassin, l’épaule, associées à une surmortalité, apparaissent entre 70 et 80 ans », souligne-t-il. Cette situation a d’ailleurs évolué pour les fractures de hanche dont l’âge moyen a tendance à reculer désormais, au-delà de 80 ans. L’incidence de ces fractures a par ailleurs diminué de 14% chez les femmes entre 2002 et 2013.
Une meilleure hygiène de vie
Les causes en sont multifactorielles : amélioration de l’hygiène de vie (alimentation, activité physique…), meilleure prise en charge de l’ostéoporose via notamment le dépistage par l’ostéodensitométrie osseuse et la mise à disposition depuis le milieu des années 1990, de traitements efficaces pour prévenir les fractures.
Ces traitements sont d’autant plus nécessaires que, compte tenu de l’espérance de vie croissante, une proportion de plus en plus importante de la population âgée est confrontée à des fractures. Des données de la Cnam montrent que toutes fractures confondues au-delà de 50 ans et nécessitant une hospitalisation, elles voient leur prévalence augmenter d’environ 5% chaque année.
Cependant, paradoxalement, un obstacle au traitement de seniors à haut risque de fractures réside dans le fait qu’ils cumulent les comorbidités, ce qui incite à moins les traiter. Pourtant, il faut garder à l’esprit, constate Bernard Cortet, que « seule l’insuffisance rénale chronique sévère (clairance de la créatinine <30 ml/min/1,73 m²) contre-indique les traitements anti-ostéoporotiques, en dehors du dénosumab ».
L’importance des traitements injectables
Un autre obstacle de premier plan au traitement des fractures ostéoporotiques du senior est l’observance médicamenteuse, souvent difficile à cet âge. Bernard Cortet insiste sur l’importance des traitements injectables comme solution à ce problème, car ces thérapeutiques ont montré « qu’elles permettaient d’augmenter l’observance, ce qui est particulièrement intéressant chez des gens polymédicamentés, avec un retour des patients très positif ». On les utilise en première intention avec les bisphosphonates par voie intraveineuse (ou per os), puis on emploie en relais le dénosumab en injection sous-cutanée semestrielle. Quant au tériparatide (indication remboursée en présence d’au moins deux fractures de vertèbres), il est efficace mais il nécessite la réalisation d’une injection sous-cutanée quotidienne pendant 18 mois.
Article précédent
L’incontinence urinaire n’est plus taboue
Article suivant
Des os mieux protégés
L’immunosénescence frappe aussi les « jeunes » seniors
L’incontinence urinaire n’est plus taboue
Le traitement post-fracturaire reste un os...
Des os mieux protégés
Constipation et autonomie… ou l’inverse ?
Facteurs de risque cardiovasculaires de l'octogénaire, une approche plus active et plus raisonnée
Dysfonction érectile : un symptôme qui en dit long
HBP : la qualité de vie, principale exigence
Vaccin antipneumococcique : oui, mais pas pour tous...
Avec l’âge, le ressenti de la douleur est différent
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation