L’incidence des infections invasives à pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) (IIP) est plus élevée avec des conséquences plus graves, quand l’âge augmente et aussi les comorbidités (voir tableau). D’où l’intérêt de vacciner les seniors au moyen d’une dose unique de vaccin pneumococcique non conjugué à 23 sérotypes VP23 (Pneumo 23®), « mais uniquement s’ils présentent un facteur de risque d’IIP parmi les comorbidités énoncées dans le calendrier vaccinal 2015 : insuffisance cardiaque et rénale, insuffisance respiratoire chronique, BPCO, asthme sévère, hépatopathie chronique, diabète non équilibré par le simple régime, etc . », souligne le Dr Joël Leroy, infectiologue (RFCLIN/PRIMAIR et service de Maladies Infectieuses, CHU Besançon).
L’efficacité globale du VP23 sur la prévention des infections invasives à pneumocoques est de 65 % chez les seniors. Cependant, elle peut varier de 45 à 66 % dans cette tranche d’âge, selon les comorbidités associées.
Le problème des vaccins polysaccharidiques comme le VP23 réside dans le fait qu’ils ne génèrent pas d’immunité mémoire. En d’autres termes, la première dose stimule au maximum un stock de lymphocytes B mais une déplétion de ce pool s'établit au fil du temps. La seconde dose n’a donc pas d’effet rappel et ne les stimule pas ou peu. Aussi, il faut attendre la génération de nouvelles cellules B naïves. Rien ne permet donc de recommander une dose de rappel. Ainsi, on attend que le patient soit à risque d’IIP pour lui proposer une dose unique de VP23.
Au total, certes des études sont disponibles mais parfois contradictoires et les pourcentages d’efficacité sont difficiles à extraire. On peut malgré tout conclure que le VP23 est insuffisamment efficace pour la prévention des pneumonies non bactériémiques dans la population de patients âgés des pays industrialisés.
De nouvelles données
Mais la situation pourrait bien évoluer suite à une publication majeure, l’étude CAPITA (NEJM 2015; 372: 1114-1125) parue en mars 2015, a en effet montré une efficacité bien supérieure du vaccin conjugué (Prévenar 13®). « Chez les plus de 65 ans l'efficacité du vaccin Prévenar 13® était de 45 % pour la prévention des pneumonies à pneumocoque de sérotype vaccinal non bactériémiques et de 75 % pour la prévention des infections invasives à pneumocoques de sérotype vaccinal », chiffre le Dr Leroy. À la lumière de ces résultats, certains pays, dont les États-Unis, ont déjà révisé leur politique vaccinale antipneumococcique.
Comme les vaccins conjugués, le vaccin Prévenar 13® présente l’avantage d’induire une bonne immunité mémoire, permettant un effet rappel en cas de réinjection. Ses indications ont déjà été étendues à la prévention de la pneumonie à pneumocoque pour toutes les tranches d'âge. Cependant, aucun essai comparatif d’efficacité Prévenar 13® vs VP23 n’a pour l’instant été conduit. Et le Haut Conseil de la Santé Publique n'a pas encore publié de recommandation concernant la place du Prévenar13® chez les seniors.
Les indications selon le calendrier vaccinal
› Risque élevé d’IIP (sauf immuno-déprimés, brèche ou implant) :
• VP23 une dose :
- cardiopathie congénitale cyanogène, insuffisance cardiaque ;
- insuffisance respiratoire chronique, bronchopneumopathie obstructive, emphysème ;
- asthme sévère sous traitement continu ;
- insuffisance rénale ;
- hépatopathie chronique d’origine alcoolique ou non ;
- diabète non équilibré par le simple régime.
› Immunodéprimés, syndrome néphrotique, brèche ostéo-méningée, implants cochléaires ou candidat à l’implantation :
• non vaccinés antérieurement : VPC13 puis VP23 (S8) ;
• vaccinés depuis plus de 3 ans avec le VP23 : VPC13 puis VP23 (S8) ;
VPC13 : vaccin pneumococcique conjugué. 13-valent
VP23 : vaccin pneumococ. non conjugué. 23-valent
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