On dispose aujourd’hui d’arguments qui, bien qu’indirects, sont en faveur d’une moindre morbi-mortalité de la grippe chez les plus 65 ans vaccinés par rapport aux non-vaccinés.
La raison principale en est le vieillissement du système immunitaire, dès la quarantaine. « L’âge de 65 ans pour recommander la vaccination est empirique, reconnaît Odile Launay (centre d’investigation clinique de vaccinologie Cochin-Pasteur, Paris), mais cela s’appuie sur le fait que le système immunitaire vieillit, rendant le vaccin antigrippal moins immunogène avec l’âge. »
Une restimulation annuelle
Au lieu de reculer l’âge de la vaccination chez des seniors pourtant en meilleure santé qu’auparavant, l’idée est au contraire de vacciner tôt, avant que le système immunitaire ne soit trop peu réactif et que l’efficacité du vaccin ne s’en trouve amoindrie. « Vacciner dès 65 ans permet de stimuler le système immunitaire pour obtenir une réponse correcte qui sera ensuite réactivée chaque année. Le fait de restimuler annuellement à partir d’une réponse suffisante permet de maintenir un niveau de réponse immunitaire qui pourra protéger des complications de l’infection en cas de contact avec le virus », ajoute Odile Launay.
En effet, la protection conférée par la vaccination antigrippale et en particulier par « l’immunité mémoire », est plus importante lorsque l’on est vaccinée jeune. La vaccination sera plus efficace à la fois en termes de répondeurs au vaccin et de persistance de la réponse immunitaire. Car, bien qu’il existe peu de recherches sur le sujet, il est clair que l’immunosénescence limite l’efficacité vaccinale vis-à-vis de la mortalité liée à la grippe, efficacité très vraisemblablement inférieure à 50 % passé 65 ans, contre 60 à 70% chez les sujets jeunes.
Pour autant, le bilan de la vaccination des seniors, c’est tout de même environ 2 000 décès évités chaque hiver dans cette tranche d’âge malgré une couverture vaccinale suboptimale. La vaccination antigrippale diminue le risque de pneumonies de 50 à 60%, de complications sévères de 70% à 80% (essentiellement d'ordre respiratoire mais aussi neurologique et cardiaque) et l’incidence des hospitalisations de 50 à 60%.
Un élément déclencheur de décompensation
On voit donc que, concernant la protection vaccinale antigrippale, le recul de l’âge d’entrée dans la vieillesse n’impacte en rien la préoccupation de protéger la population dès 65 ans. En effet, même sans comorbidités, la grippe pourra chez le senior, la fragilité augmentant avec l’âge, constituer l’élément déclencheur d’une décompensation (insuffisance cardiaque, diabète, insuffisance respiratoire, asthme, BPCO), d’une hospitalisation voire d’une dépendance ultérieure. Ce qu’il faut à tout prix éviter.
Après 65 ans, comment mieux résister au virus grippal
Aucun facteur de virulence lié au virus grippal n’a pu être identifié permettant de comprendre pourquoi certains patients auront plus de complications post-grippales que d’autres. On sait néanmoins que la souche grippale de sous type A(H3N2) est plus sévère et entraîne plus d’infections graves chez les sujets âgés, comparativement à celles de sous-types A(H1N1) ou de sous-type B. Et, globalement, les sous-types A sont plus dangereux que les sous-types B.
On sait d’autre part que les personnes de plus de 65 ans les plus vulnérables en cas d’infection grippale sont celles atteintes de comorbidités (diabète, maladies coronaires, insuffisances cardiaques, maladies neurologiques, néphropathies, asthme, BPCO etc.) ainsi que celles dont le système immunitaire est défaillant. Le premier levier pour limiter les complications est donc la vaccination antigrippale. Et, pour mieux se prémunir, a fortiori passé 65 ans, les mesures barrière sont essentielles.
La prescription précoce des antiviraux (oséltamivir) dès les premiers signes cliniques de grippe, limite la survenue de complications et d’hospitalisations liée au virus grippal, en particulier chez les personnes ayant des comorbidités. L’année dernière, la surmortalité due à la grippe a été de 18 300 décès.
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