Le senior a aujourd’hui une activité sexuelle intense et peut-être moins prudente qu’auparavant. En témoigne le fait que, sur 6 300 nouvelles contaminations par le VIH chaque année en France, 18 % des malades ont plus de 50 ans, alors qu’ils n’étaient que 12 % en 2003.
Dans ce cadre, la dysfonction érectile intervient évidemment sur la qualité de vie. Il est important de garder à l’esprit, dans ce cadre, que ce symptôme, s’il s’est installé depuis plus de 3 mois, témoigne d’une dysfonction endothéliale. En effet, les problèmes d’érection qui surviennent avec l’âge s’associent à d’autres facteurs de risque de dysfonction endothéliale d’origine cardio-vasculaire ou liés à une chirurgie prostatique.
Un interrogatoire permettra donc de dépister ces autres facteurs de risque et de pratiquer un bilan à la recherche d’éventuelles anomalies du métabolisme glucidique, d’un diabète, d’une dyslipidémie, ou d’un déficit de testostérone, de troubles de la fertilité, de prise de poids récente ou de syndrome métabolique. L interrogatoire permet aussi de préciser les symptômes sans nécessité d’autres examens complémentaires, tels qu’un écho-Doppler du pénis.
Rassurer sur les complications cardiaques
Pour le Pr Stéphane Droupy (CHU de Nîmes), le généraliste est tout à fait apte à prescrire un traitement de première ligne chez des patients ayant une dysfonction érectile non compliquée, liée à l’âge et aux facteurs de risque cardio-vasculaire, vivant en couple, avec une érection résiduelle, sans autre dysfonction sexuelle ni déficit de la testostérone. Le choix des modalités de prescription sera fonction du contexte de la vie sexuelle du patient et de la sévérité du symptôme.
Le mode d’action de chaque médicament doit être bien expliqué au patient afin qu’il puisse choisir le traitement qui lui conviendra le mieux. Il faut aussi le prévenir qu’avant d’obtenir un résultat, le traitement doit être pris 6 à 8 fois, lui donner des conseils et surtout le rassurer quant aux complications cardiaques ; sachant que la prise de dérivés nitrés ou l’existence d’une fonction cardiaque instable contre-indiquent la prise d’inhibiteurs de la PDE5. Et que chez un patient qui a récemment présenté un infarctus du myocarde ou une arythmie, un bilan cardiologique s’impose pour stabiliser la fonction cardiaque.
Des traitements pour rester jeune sexuellement
Les nombreux facilitateurs d’érection permettent aujourd’hui, au senior d’avoir une vie sexuelle plus satisfaisante que jadis. Les inhibiteurs de la PDE5: sildénafil (Viagra®), tadalafil (Cialis®), vardénafil (Lévitra®), avanafil (Spedra® ) agissent en présence de stimulation sexuelle.
En cas de résistance ou d’échec, souvent lié à une prescription mal encadrée, des traitements de deuxième ligne peuvent être proposés, comme l’injection intra-caverneuse de PGE1, qui a l’avantage d’être efficace mais peut déclencher des douleurs mal supportées par le patient; deuxième option : Le vacuum ou pompe à vide est un matériel médical qui nécessite une démonstration avant utilisation; troisième possibilité : le Vitaros® (alprostadil), mis en vente il y a quelques mois et remboursé dans certaines conditions, est un gel de prostaglandines qui pénètre dans les corps caverneux et déclenche une érection.
Enfin, les implants péniens constituent le traitement de dernière intention. Ce sont des petits sacs de silicone, mis en place chirurgicalement à l’intérieur du pénis, qui peuvent être remplis de liquide l’aide d’une pompe au moment opportun et ont l’avantage d’entraîner une érection d’aspect parfaitement naturel sans prise médicamenteuse.
Un traitement régénérateur des corps caverneux par ondes de choc extracorporelles de basse fréquence est actuellement testé depuis deux mois dans une étude scientifique contre placebo, incluant 50 patients du CHU de Nîmes, et donne déjà des résultats intéressants. Si l’efficacité de ce traitement se confirme, il s’agira d’une méthode révolutionnaire permettant, à raison d’une séance par semaine pendant 4 à 6 semaines, de régénérer les corps caverneux en créant une néo-vascularisation.
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