Une rentrée sous le signe de la colère

Loi de santé : la remobilisation, jusqu’où ?

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Publié le 03/09/2015
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Après la démonstration de force du 15 mars, la contestation médicale semble trouver un nouveau...

Après la démonstration de force du 15 mars, la contestation médicale semble trouver un nouveau...
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Déjà adopté en première lecture par l’Assemblée nationale, le projet de loi de santé de Marisol Touraine sera discuté au Sénat à partir du 14 septembre.

Mais pour ses détracteurs, la messe n’est pas dite.

Côté parlementaire, la Haute assemblée, qui dispose d’une majorité de droite, a remanié le projet de loi en commission des affaires sociales fin juillet et supprimé le tiers payant généralisé obligatoire. Le signal est fort même si le dernier mot doit reviendra à l’Assemblée nationale.

Chez les médecins libéraux, l’été n’a pas émoussé la colère. Une cinquantaine de départements disposent désormais d’une coordination médicale ou d’un collectif pour l’organisation et la défense des territoires de santé (CODTS). Certaines coordinations ont programmé des actions protestataires locales appelées à avoir une résonance nationale. Ainsi en va-t-il de la marche organisée les 11, 12 et 13 septembre par des médecins de Saône-et-Loire (MST 71) entre Chalon-sur-Saône et Château-Chinon (première sous-préfecture sans généraliste libéral).

Octobre rouge

De leur côté, les syndicats représentatifs fourbissent leurs armes, galvanisés par la campagne pour les élections professionnelles qui donne également lieu à une surenchère tarifaire (lire page 3).

À partir du 3 octobre, unis pour la circonstance, la FMF, le SML, le BLOC et l’UFML invitent leurs troupes à organiser un « blocage sanitaire » du pays. Derrière ce slogan, il s’agit de mettre en place, jusqu’au retrait du projet de loi, et pour une durée indéterminée, un « arrêt total d’activité des soignants libéraux » – avec fermeture des structures libérales et arrêt des vacations dans les hôpitaux publics. Et face aux probables réquisitions, certains préparent déjà une riposte, suggérant qu’une épidémie de gastro-entérite ou de grippe pourrait décimer à point nommé une bonne part de la population médicale début octobre...

MG France invite de son côté les généralistes à la fermeture reconductible de leurs cabinets, le 5 octobre. L’opposition au tiers payant généralisé mais aussi les moyens insuffisants octroyés à la médecine générale et la situation de la démographie médicale expliquent ce mouvement.

La CSMF reste à l’écart des appels au blocage sanitaire et des fermetures de cabinet mais affiche sa fermeté totale sur l’opposition au tiers payant généralisé. Le syndicat appelle les praticiens à « la désobéissance civile » à chaque étape d’application forcée de la dispense d’avance de frais. La CSMF invite les sénateurs au sursaut démocratique contre celle loi de santé « écrite par et pour l’hôpital public ».

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du Médecin: 9429
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