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Dossier

Dossier spécial : horizon 2050

Que nous apprend 2022 sur la santé des 30 prochaines années ?

Par Aurélie Dureuil - Publié le 19/12/2022
Que nous apprend 2022 sur la santé des 30 prochaines années ?


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En 2022, de nombreuses actualités tant socioprofessionnelles que médicales ont soulevé des questions sur un défaut d’anticipation, que ce soit en matière d’infectiologie, de démographie médicale… L’année a aussi été l’occasion de voir émerger des innovations thérapeutiques comme technologiques et organisationnelles qui pourraient bouleverser les prises en charge à plus ou moins longue échéance. Pour son numéro bilan, Le Généraliste propose de s’appuyer sur les tendances de cette année pour imaginer la médecine générale et le système de soins de demain.

La santé du futur se prépare aujourd’hui ! Si on a l’habitude de dire qu’il faut vingt ans entre la découverte et la mise sur le marché d’un nouveau médicament et dix ans pour former un médecin, les décisions d’aujourd’hui auront donc un impact sur la santé de demain. Et l’année 2022 n’a pas manqué d’avancées scientifiques, thérapeutiques, technologiques… mais aussi d’alertes et de tensions sur le système de soins. Ces tendances, ainsi que certaines décisions politiques, permettent-elles d’imaginer les évolutions du système de santé dans les trente prochaines années ?

Sur le plan de la démographie médicale, alors que le nombre de médecins généralistes continue de diminuer et les déserts médicaux de s’étendre, l’ajout d’une quatrième année au DES de médecine générale dès la rentrée 2023 est synonyme d’inquiétude pour les uns, qui craignent une désaffection de la spécialité, et d’espoir pour les autres, qui y voient un moyen de parfaire la formation et d’accélérer l’installation des jeunes omnipraticiens. Sans connaître l’impact de cette décision, on sait néanmoins qu’il faudra attendre 2027 pour voir la courbe de la démographie médicale s’inverser. La féminisation de la profession devrait par ailleurs se poursuivre.

Et que restera-t-il dans l’activité des médecins généralistes à l’horizon 2050, alors que les délégations de tâches et transferts de compétences se sont multipliés encore cette année ? La question est légitime à l’heure notamment de la négociation de la future convention médicale. Poussé par les pouvoirs publics, le numérique s’est fait également une place dans le quotidien des médecins et cette tendance devrait s’accentuer avec la nouvelle feuille de route du numérique pour 2023-2027 qui entend se concentrer sur les usages tant des Français dans leur ensemble que des professionnels de santé. Cela pourrait-il changer aussi la façon des patients de consulter ? Avec les recherches sur internet, mais aussi les objets connectés permettant de suivre des mesures de santé, par exemple.

Prévention, diagnostic et traitements

Et il ne faut pas oublier les évolutions liées à la prévention, au diagnostic et aux traitements. On ne compte plus les stratégies nationales, feuilles de route, etc., sur des grands domaines de la santé qui incitent à améliorer la prévention et le dépistage. Sans compter les trois rendez-vous de prévention à des âges clés qui ont été décidés dans le dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale. On a également parlé cette année de la prévention dès le stade du prédiabète au congrès de la Société francophone du diabète (SFD) en septembre. Des découvertes pourraient aussi ouvrir à une évolution de la prise en charge. Lors de la présentation de résultats autour d’un dépistage précoce de cancers par un simple test sanguin au congrès annuel de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO), en septembre également, des oncologues appelaient à anticiper cette révolution. Sur le plan thérapeutique, après sa mise en lumière dans la vaccination contre le Covid-19, la technologie ARN connaîtra-t-elle un essor dans d’autres aires thérapeutiques ? Et face aux innovations thérapeutiques, il ne faudra pas oublier une autre tendance, encore balbutiante mais appelée à gagner en importance : la sobriété médicamenteuse.

Crise du climat et risques environnementaux

Enfin, difficile de parler de l’année 2022 sans citer l’impact sur la santé du changement climatique et des risques environnementaux, ainsi que la multiplication des études démontrant leurs effets sur la santé de la population. Difficile également de ne pas pointer les risques infectieux, qui devraient aller croissant. Alors assistera-t-on à de nouveaux risques sanitaires mais aussi à des changements de pratiques pour les prévenir ou, à défaut, les prendre en charge ?

En parallèle, l’intelligence artificielle est citée pour rendre accessibles certains diagnostics. Et l’essor de la médecine prédictive et personnalisée pourrait également placer le généraliste au centre de cette recherche de facteurs génétiques. Alors, si certaines compétences pourraient à nouveau être transférées à d’autres professionnels, d’autres pourraient-elles faire leur entrée dans les cabinets grâce aux développements technologiques ?