LA CONSOMMATION EXCESSIVE chronique d’alcool est une cause importante de morbidité et de mortalité prématurée. Mais des données montrent qu’une consommation modérée d’alcool, sur une base quotidienne et non hebdomadaire, protégerait contre les maladies cardio-vasculaires. Une courbe en J, de manière similaire à celle qui avait été proposée par Cruickshank en 1987 concernant la pression artérielle diastolique, pourrait matérialiser l’augmentation de la mortalité en cas d’abus d’alcool, mais aussi cas d’abstinence, par comparaison avec une consommation faible à modérée. Ainsi, dans l’étude INTERHEART, la consommation d’alcool trois fois ou plus par semaine est apparue comme un facteur protecteur à l’égard du risque d’infarctus myocardique.
J-B. Ruidavets et coll. (Inserm U558, Toulouse) ont entrepris l’étude PRIME dans laquelle ils ont analysé la consommation d’alcool en France, à Lille, Strasbourg et Toulouse, et en Irlande, à Belfast, où l’incidence de l’infarctus du myocarde est deux fois plus élevée qu’en France. Au total, 9 778 hommes de 50 à 59 ans ont été suivis pendant 10 ans. Les participants ont renseigné leur consommation d’alcool hebdomadaire : type de boisson, quantité et fréquence.
Boire régulièrement : un effet protecteur.
Les résultats de ce travail ont confirmé que les habitudes de consommation sont très différentes entre la France et l’Irlande. Les Irlandais de Belfast ont déclaré boire de manière excessive surtout le week-end et n’être que 12 % à boire tous les jours. En revanche, 75 % des Français ont déclaré répartir leur consommation pendant la semaine. Ainsi, la consommation du samedi soir atteint 91 g d’alcool en Irlande contre 41 g en France. En revanche, les Irlandais ne sont que 12 % à boire tous les jours contre 75 % des Français. Mais les quantités d’alcool hebdomadaires sont à peu près équivalentes dans les deux pays, et représentent deux à trois verres par jour.
Pendant la période de suivi, d’une durée de 10 ans, l’incidence annuelle des infarctus myocardiques a été de 5,63 pour 1 000 en Irlande et de 2,78 en France. Après régression statistique pour permettre la prise en compte des autres facteurs de risque comme le niveau d’activité physique, le tabagisme, le niveau de pression artérielle, l’existence d’un diabète ou d’une dyslipidémie, le risque d’infarctus du myocarde est apparu doublé chez les « buveurs du week-end » par comparaison avec les « buveurs réguliers », quelle que soit la quantité d’alcool consommée. Le risque d’infarctus du myocarde des Irlandais « buveurs réguliers » est apparu similaire à celui des Français.
D’après la communication du Pr Jean Ferrières (Toulouse).
Ruidavets JB, et coll. BMJ 2010;341:c6077.
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