Dans l’attente d’une réanimation médicalisée, le bénéfice du bouche-à-bouche réalisé par un secouriste – donc pas un témoin tout venant – pourrait reprendre du galon dans les Arrêts cardiaques (AC). En 2010, une étude (1) plaidait pour cette ventilation associée au massage. En 2013, un second travail a été moins concluant. Mais, aujourd’hui, le registre prospectif RéAC, rassemblant depuis 18 mois 65 à 70 % des AC récupérés en France par les SAMU et SMUR – soit 21 000 à ce jour – plaide à son tour pour. Globalement, 40 % des arrêts ont eu un massage cardiaque plus un bouche-à-bouche. Et ils ont un meilleur pronostic par rapport au massage seul. Il faut donc absolument continuer à former les secouristes au bouche-à-bouche. Et, quand on passe à la ventilation médicalisée, alors qu’on a longtemps dit « un peu d’oxygène mais pas trop », on titre aujourd’hui le débit d’O2 pour une SApO2 de 94-98 %.
La part grandissante des infarctus dans les AC impose, dès qu’une cause coronaire peut être envisagée, d’orienter systématiquement le patient vers un cathlab. Quant à l’hypothermie visant 33-35°C, si elle n’a pas fait ses preuves versus 36°C, attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Pour mémoire, environ 60 % des AC non refroidis arrivent en hyperthermie à l’hôpital (T ›= 38°C). «Il faut continuer à prévenir cette hyperthermie, délétère. Peut-être en privilégiant à l’avenir une cible autour de 35-36°C. Sans oublier de tenir compte des moyens utilisés. Les perfusions de sérum glacé – faciles à utiliser et le peu coûteuses – sont peut-être en soi délétères », résume le Pr Gueugniaud.
Enfin, chez un sujet jeune sans pathologie majeure, on doit prolonger la RCP jusqu’à 60 voire 90 min de massage, car les chances de récupération peuvent encore exister. Et dans quelques cas de réanimation immédiate sur des sujets dans pathologie majeure, une assistance circulatoire temporelle peut être envisagée : « c’est alors une course contre la montre qui s’engage pour les équipes médicales, visant à mettre le sujet sous Circulation extracorporelle (CEC) dans les 60 minutes. Toutefois, retenons avant tout que ce sont les premiers maillons de la chaîne – témoin et secouriste... – qui sont déterminants dans le pronostic ».
Entretien avec le Pr Pierre Yves Gueugniaud (Lyon).
Session EDA 02. Réanimation de l’arrêt cardiaque en 2014. Mercredi 14 h 30 Salle Maillot.
(1) Ogawa T. BMJ 2010.
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