C’est un débat récurrent qui sera de nouveau posé lors du congrès : faut-il, à l’intérieur d’un hôpital, séparer les activités pré-hospitalières de celles des urgences-portes et de l’hospitalisation ? Et les urgentistes doivent-ils être cantonnés dans un secteur d’activité ou être capables d’être polyvalents ? « C’est un débat qui, franchement, ne se pose pas chez les nouvelles générations de médecins urgentistes, qui ont largement intégré la nécessité d’être polyvalents et d’être capables de faire aussi bien de la régulation médicale que du pré-hospitalier ou une activité au sein d’un service d’urgence », explique le Dr François Braun, chef des urgences et du SAMU du CHR Metz-Thionville qui en janvier a été élu à la présidence de SAMU-Urgences de France.
Cette conviction, le Dr Braun l’a mise en pratique dans son service, où les urgentistes tournent régulièrement sur les trois activités. « Je suis persuadé que pour être un bon régulateur, il faut aussi être un bon "Smuriste" et un bon "urgentiste-porte". Un urgentiste ne peut savoir faire une chose et pas les autres », souligne-t-il.
Le Dr Braun reconnaît que ce débat n’a pas vraiment lieu d’être dans les petits hôpitaux. « Il y a beaucoup d’endroits où il serait complètement aberrant d’avoir des gens qui ne feraient que du pré-hospitalier tandis que les autres seraient cantonnés au service d’urgence. La situation est un peu différente dans un certain nombre de CHU, où l’on a encore du mal à mettre les moyens en commun et à travailler en suivant cette logique. Dans ces établissements, il y a des urgentistes qui ne font que du Smur et de la régulation médicale et d’autres que des urgences-portes et de l’hospitalisation », indique-t-il.
En général, deux arguments sont avancés pour justifier une telle séparation. « Le premier est de dire qu’un médecin du SMUR, qui travaillerait dans un service d’urgence pour donner un coup de main, pourrait partir en retard sur une intervention. Ce genre de problème doit pouvoir être évité par une bonne organisation en interne et le principe qu’on ne fait jamais deux choses à la fois en même temps. L’autre argument, régulièrement évoqué, est le fait que tout le monde ne peut pas avoir toutes les compétences. On peut l’entendre pour certains PH un peu anciens et qui, pendant toute leur carrière, n’ont fait qu’un type d’activité. Mais l’argument ne tient pas, encore une fois, pour les jeunes générations. Ils ont largement intégré cette polyvalence qui est au cœur du DESC aujourd’hui et qui le sera, demain, dans le DES ».
Pour que cela fonctionne, il faut évidemment que, géographiquement, les urgences et le pré-hospitalier soient situés dans le même bâtiment. « C’est heureusement de plus en plus le cas aujourd’hui. On n’est plus dans la situation d’il y a 20 ans où, parfois, les urgences dépendaient de la réanimation médicale et le pré-hospitalier de l’anesthésie-réanimation », souligne le Dr Braun.
D’après un entretien avec le Dr François Braun, président de SAMU-Urgences de France, chef des urgences et du SAMU du CHR Metz-Thionville.
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