Souvent aiguë, la douleur des enfants admis aux urgences est soit à l’origine de la consultation, soit résultant des actes pratiqués. Lorsqu’elle accompagne une pathologie dont le diagnostic est facilement posé, elle n’a plus aucun rôle et doit être immédiatement traitée. Si la pathologie en cause n’est pas identifiée, la douleur n’aide en rien le diagnostic et peut même lui nuire. « On peut d’emblée administrer du protoxyde d’azote à l’enfant, précise le Pr Ricardo Carbajal (Paris), on est ainsi plus serein pour continuer la prise en charge ».
Les analgésiques utilisés répondent aux trois paliers : paracetamol et AINS, tramadol et, le cas échéant, morphine. La codéine n’est plus utilisée depuis juin 2013 chez l’enfant de moins de 12 ans et ne l’est après cet âge qu’après échec d’autres antalgiques. La morphine peut être administrée en PCA aux enfants âgés de 5 à 6 ans et plus. Certains centres restent un peu réticents mais il faut savoir que l’enfant apprend très vite.
Les gestes douloureux
La douleur peut aussi être engendrée par des gestes, diagnostiques et thérapeutiques : ponction veineuse, lombaire, sutures, infiltrations, réduction de fractures ou de luxation... Ces gestes sont fréquents (20 % des enfants qui arrivent aux urgences) et tout doit être mis en œuvre pour les limiter. Le choix de l’agent analgésique doit tenir compte du rapport bénéfice/risque selon chaque situation. Le protoxyde d’azote, sauf contre-indication, est très utile ; la crème Emla en cas de ponction veineuse ; les anesthésiques locaux en cas de sutures.
Une attention particulière doit être portée sur les moyens non médicamenteux. Chez les nouveau-nés et les nourrissons de moins de 4 mois, la succion d’une tétine ou l’administration d’une boisson sucrée ont des effets analgésiques lors de gestes mineurs tels que les ponctions veineuses. L’allaitement maternel est également très efficace. Pour les plus grands, on peut se servir de jeux. « Dans notre service, précise le Pr Carbajal, nous mettons à la disposition des enfants des tablettes tactiles qu’ils peuvent utiliser grâce à un bras articulé pendant que le geste médical est effectué. Tout ceci appartient à une culture que nous devons développer ».
Entretien avec le Pr Ricardo Carbajal, Service des Urgences Pédiatriques, hôpital Armand Trousseau.
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