Une enquête sur les opinions et les pratiques de 750 médecins du travail pour la prévention des conduites addictives a été menée en 2009 par l’INPES*, l’INRS** et la SMTOIF*** (lire encadré). Même si les risques psychosociaux ou les troubles musculo-squelettiques devancent largement les conduites addictives et notamment sur les consommations d’alcool, les médecins du travail n’en demeurent pas moins vigilants. 78% d’entre eux partagent d’ailleurs l’idée que les risques psychosociaux influent sur la consommation de substances psychoactives.
Des pratiques hétérogènes.
Les médecins du travail déclarent documenter systématiquement le dossier médical à propos des consommations de tabac (90 % des femmes contre 79 % des hommes) et de médicaments psychotropes (71 %). Cette déclaration chute pour l’alcool (46 %) et devient occasionnelle pour le cannabis ou d’autres drogues illicites. Le fait de travailler en réseau ou d’avoir bénéficié d’une formation facilite les pratiques repérages systématiques dans le dossier médical. Dans plus de 9 cas sur 10, c’est sur la base de la déclaration des salariés que le repérage des consommations est effectué. En revanche, les questionnaires validés (Fagerström pour le tabac, AUDIT, FACE, DETA pour l’alcool, Mini-cannabis) ainsi que les tests d’évaluation de consommation (CO pour le tabac, prélèvements sanguins pour l’alcool ou urinaires ou salivaires pour le cannabis) sont rarement utilisés. L’étude souligne en effet que 4 médecins sur 10 ont entendu parler du repérage précoce par interventions brèves ; seuls 8 % y sont formés. La pratique des dépistages est en effet très prudente et ne se justifie, pour la majorité des praticiens, que pour les postes de sécurité.
Orientation.
Face à des salariés faisant usage de substances psychoactives, la première démarche des médecins du travail est toujours de donner des conseils de prévention avant l’incitation à se rapprocher du médecin traitant ; un tiers des médecins du travail oriente également les salariés vers une structure spécialisée en alcoologie ou en addictologie. Enfin, sur le plan collectif, un tiers des médecins déclarent avoir initié ou participé, à la demande de directions des ressources humaines ou de représentants du personnel, à une ou plusieurs actions collectives de prévention en entreprise (sensibilisation, plan de prévention, formation) sur le tabac ou l’alcool. C’est bien l’expertise du médecin du travail et son rôle de conseiller qui aide ici l’employeur à remplir ses obligations pour protéger la santé de ses salariés. Depuis la réforme, ce sont plus largement les équipes de service de santé au travail qui doivent répondre présentes, les médecins du travail demeurant toutefois le coordinateur de ces actions.
*Institut national de prévention et d’éducation pour la santé.
**Institut national de recherche et de sécurité.
*** Société de médecine du travail Ouest Ile-de-France.
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