DEUX PRINCIPES appuyent le rôle des services de santé au travail dans le dépistage cardiovasculaire. D’abord, la prévention des facteurs de risque cardio-vasculaire est plus efficace sur le long terme que les traitements prescrits en prévention tertiaire. En France, les maladies cardio-vasculaires représentent la deuxième cause mortalité après le cancer. Ensuite, la loi de modernisation sociale de 2002 encourage la prise en compte de la santé des salariés au-delà des seuls risques professionnels et du maintien dans l’emploi. C’est ainsi qu’au CHU de Clermont-Ferrand, un questionnaire de prévisite est proposé aux agents. Il comprend vingt-trois variables autour des facteurs de risque cardio-vasculaire majeurs (tabagisme, hypertension artérielle, cholestérol total, LDL et HDL-cholestérol, diabète, âge) et certains facteurs de risque prédisposants (sexe, obésité androïde, antécédents familiaux de maladie coronarienne précoce). Le taux de triglycérides, le pourcentage d’hémoglobine glyquée et le stress perçu au travail auto-évalué par le salarié sur une Échelle Visuelle Analogique (EVA) complètent ce questionnaire. À partir de 45 ans, les salariés présentant une hérédité cardio-vasculaire ou une hypercholestérolémie familiale ont bénéficié d’un bilan biologique.
Des résultats très encourageants.
Depuis 2005, 2 770 questionnaires (sur 5 000 agents) sont remplis chaque année. Sur 189 personnes dépistées, 78 % ignoraient leur risque. 97 avaient un risque cardio-vasculaire élevé (›15 %) et 51 un syndrome métabolique. Il s’agit d’une population composée d’une majorité d’hommes (plus de 58 %) de plus de 47 ans. Plus de 70 % d’entre eux ont bénéficié d’une consultation préventive de cardiologie. Le bénéfice individuel : un patient sur cinq a retrouvé des niveaux de risque acceptables. 13,5 % étaient déjà sous traitement médicamenteux. « Il s’agit principalement d’antihypertenseurs et hypolipémiants », précise le Pr Chamoux. Des règles hygiénodiététiques leur ont été recommandées en insistant tout particulièrement sur la pratique d’une activité physique régulière mais également sur l’intérêt du sevrage tabagique et du rééquilibrage alimentaire dans l’objectif de perdre du poids. 7,8 % se sont vus prescrire un traitement médicamenteux en première intention ou ont été orientés pour des examens complémentaires (MAPA, EFR, recherche d’un syndrome d’apnée du sommeil…). À noter que deux patients ont été traités par angioplastie transluminale.
Que faut-il améliorer ?
Une meilleure compréhension par les personnels du service de la nécessité de respecter le protocole et une meilleure adhésion des agents permettraient sans doute d’optimiser encore le taux de dépistage. Une telle action ne peut non plus faire l’économie d’un temps de sensibilisation sur l’intérêt de la prévention secondaire des pathologies cardio-vasculaires. « L’organisation est également un facteur de succès de ce type de dépistage, explique le Pr Chamoux. Ainsi en prenant nous-mêmes les rendez-vous auprès des spécialistes en cardiologie, les consultations honorées sont passées de 43 à 79 %. Un projet de dépistage précoce des signes d’athérosclérose par écho-Doppler multisite devrait également motiver davantage les agents dont l’état de santé le justifie, à modifier leurs comportements délétères, conclut le Pr Chamoux. Toutefois nous avons des difficultés à réduire le tabagisme et la sédentarité ». Ce projet porté par le Groupement Régional de Santé Publique a également été soutenu par les Laboratoires Pfizer pour les dosages du cholestérol sanguin.
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