PLUS DE LA MOITIÉ des cas des coronaropathies se révèlent par un syndrome coronarien aigu. En France, l’infarctus du myocarde est responsable chaque année de 13 000 décès. La population active, quel que soit le sexe, est concernée par cette réalité. « Les acteurs de santé dans le milieu du travail doivent donc être en alerte diagnostique et en état d’agir au plus vite tout en réduisant au maximum les intervenants pour optimiser les chances de survie », explique le Pr Motreff. Devant une symptomatologie évocatrice, c’est bien sûr l’électrocardiogramme (ECG) qui donne le la.
Télétransmission.
Une douleur constrictive évoluant pendant plus de 10 à 20 minutes, insensible à la trinitrine et s’accompagnant d’un sus-décalage de ST sur le tracé de l’ECG témoigne d’une occlusion coronarienne. Une évolution vers un trouble du rythme fatal (tachycardie ou fibrillation ventriculaire) et une cicatrice de nécrose irréversible est alors à craindre. La reperfusion (angioplastie ou thrombolyse) est dont une priorité sans attendre les données de la biologie.
Une prise en charge au sein d’une unité de soins intensifs s’impose également si la douleur est moins intense ou discontinue s’associant à des troubles de repolarisation labiles. En effet, l’évolution vers un sus-décalage de ST permanent ou une mort subite peut être différée. « Aujourd’hui, les moyens de communication telle que la télétransmission ou tout simplement le fax permettent d’adresser ce tracé aux contacts spécialisés locaux », tient à rappeler le Pr Motreff.
Fiche de procédures.
Il faut compter moins de 2 heures après le diagnostic pour proposer une angioplastie primaire. Si on additionne cette contrainte de temps à celle de l’accessibilité géographique d’un centre cardiologique interventionnelle, on comprend que l’anticipation garantit le succès de la prise en charge. « En associant une formation à la lecture d’un ECG et l’élaboration de fiches de procédures spécifiques à l’environnement professionnel sur lequelles figure notamment le réseau local de correspondants, le médecin du travail met de son côté toutes les chances d’être efficace dans son rôle de relais », souligne le Pr Motreff.
Situation géographique.
En attendant les préconisations de l’équipe du SAMU, le patient doit être mis au calme avec idéalement un contrôle continu de l’ECG. Un défibrillateur semi-automatique prêt à fonctionner en cas de fibrillation ventriculaire est également souhaitable. Dans certaines entreprises disposant d’une infirmerie équipée, une voie veineuse périphérique de bon calibre pourra préférentiellement être posée au membre supérieur gauche, épargnant le membre supérieur droit par lequel sera réalisée la coronarographie. L’oxygène au masque peut être apporté en cas de signes d’insuffisance cardiaque ainsi qu’un traitement antithrombotique (250 à 500 mg d’aspirine en IV ou PO). Les modalités de cette prise en charge doivent être anticipées et prédéfinies en fonction du plateau technique disponible et de la situation géographique.
*Recommandations sur la prise ne charge de l’infarctus du myocarde (2008), sur la revascularisation myocardique (2010), sur la prise en charge du syndrome coronarien aigu sans sus-décalage du segment ST (2011).
**Pôle de cardiologie, CHU, Clermont-Ferrand.
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