La CSMF quitte les négos : « Nous ne voulons pas d'une convention à l'ancienne », clame le Dr Ortiz

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Publié le 23/06/2016
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Crédit photo : S. TOUBON

LE QUOTIDIEN : Pourquoi avoir décidé hier de quitter la table des négociations conventionnelles ?

Dr JEAN-PAUL ORTIZ : La négociation a commencé il y a quatre mois et qu'observons-nous ? Les propositions de la Caisse, dans l'immense majorité des cas ne sont pas chiffrées. L'Assurance-maladie ne cesse de nous répéter que son enveloppe est contrainte. Son message est le suivant : si on fait ça, on ne pourra pas faire autre chose. La CNAM se dit prête à passer le C à 25 euros mais prétend qu'elle ne pourra pas dans le même temps mettre en place la grille tarifaire hiérarchisée pour la consultation. Elle propose de revoir la CCAM mais avec des actes rares en hausse et d'autres plus courants en baisse. La Caisse est dans une logique comptable et dispose d'une enveloppe que nous ne connaissons toujours pas. Nous n'avons aujourd'hui aucune perspective claire pour avoir une vraie convention qui permette de construire l'avenir. Nous sommes prêts au virage ambulatoire pour peu que l'on nous en donne les moyens. 

La Caisse a tout de même fait plusieurs propositions sur la sécurisation du régime ASV, les aides à l'installation, le forfait structure, la hiérarchisation des consultations… Tout est-il à jeter ?

Il y a des points sur lesquels nous avons eu l'impression d'avancer, je pense à la grille tarifaire de consultation à quatre niveaux. La CNAM a commencé à travailler sur ce principe et a ciblé des consultations lourdes — cela mérite d'être enrichi. Mais on nous dit qu'on ne peut pas avoir le C à 25 euros et la grille tarifaire. On ne peut pas raisonner comme cela, ce n'est pas possible. La CNAM propose des aides à l'installation pour les jeunes (50 000 euros sur deux ans) mais veut supprimer les aides aux 2 000 médecins déjà installés en zone fragile. Et pour le forfait structure, Nicolas Revel recycle la centaine de millions d'euros de l'actuel volet « organisation du cabinet » de la ROSP. On est dans du recyclage de ce qui existait précédemment. Il n'y a aucune avancée. Nous ne voulons pas d'une convention à l'ancienne avec un ou deux euros supplémentaires. Nous avons besoin d'un nouveau souffle.

La CSMF a estimé à 1,5 milliard d'euros l'enveloppe pour restructurer la médecine libérale dans la future convention. L'Assurance-maladie est-elle prête à cet effort ?

Nous avons établi ce chiffrage en tenant compte de la situation économique du pays. La CSMF a toujours été un syndicat conventionniste qui a porté toutes les grandes évolutions de la médecine libérale grâce à sa force de proposition et à ses engagements. Mais nous ne sommes pas en capacité aujourd'hui de faire avancer nos propositions et encore moins de nous engager. J'en appelle au gouvernement pour savoir quelles sont les priorités dans ce pays. Veut-il orienter le système de santé vers la médecine libérale plutôt que l'hôpital qui est particulièrement coûteux ? Veut-il nous donner les moyens de faire de la coordination des soins pour garder à domicile les personnes âgées ? Le gouvernement n'a pas pris la mesure de la crise de la médecine libérale. Il doit faire des choix, la balle est dans son camp.

Propos recueillis par Christophe Gattuso

Source : lequotidiendumedecin.fr
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