LE RITUXIMAB (RTX) est indiqué pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR) active, sévère, chez les patients adultes non répondeurs ou intolérants aux traitements de fond, dont au moins un anti-TNFα. Le résumé des caractéristiques du produit n’exclut pas la possibilité d’un risque, lié à l’effet immunosuppresseur, de développer des cancers solides, bien que les données disponibles ne suggèrent pas d’augmentation du risque de malignité. Les critères des essais cliniques ayant exclu les patients présentant des antécédents de tumeur solide, il a été proposé, en absence de recommandation officielle, de ne pas traiter de patient ayant un antécédent de cancer solide de moins de 5 ans.
L’objectif des registres auto-immunité (AIR) est de connaître la tolérance et l’efficacité du RTX en pratique courante au cours des maladies auto-immunes. Le registre prospectif AIR-PR, promu par la Société française de rhumatologie, suit sur sept ans des patients traités pour une PR, dont 272 (13,6 %) ont des antécédents de cancer (1 728 sans antécédents) ; les caractéristiques de ces deux groupes sont comparables, hormis le fait que la proportion de patients n’ayant pas été traités par anti-TNF est moins importante dans le groupe avec antécédent (55 % vs 83 %) et l’âge légèrement plus élevé. Les cancers sont survenus en moyenne quatre ans avant le début du traitement par RTX.
Une confirmation.
Les résultats actuels de suivi sont rassurants, puisqu’après un suivi de 2,8 ans, le nombre de cancers n’est pas supérieur chez les patients avec antécédent (0,9 vs 2,6 pour 100 patients-années). Des métastases ou une récidive du cancer initial ont été observés chez treize patients (sein = 3, côlon = 1, foie = 2, poumon = 2, myélome = 1, cancer cutané = 1, utérus= 1, vessie= 1, rein= 1) et sept ont développé un nouveau cancer (cancer cutané= 3, vessie= 2, côlon= 1, pancréas= 1), soit vingt, contre 43 en l’absence d’antécédent (cancer cutané= 10, sein = 6, poumon = 5, prostate = 4, autres = 18).
Le RTX est souvent utilisé en pratique courante chez les patients ayant un antécédent de cancer, bien que les données soient limitées. Les résultats de AIR-PR viennent s’ajouter à ceux de l’utilisation du RTX dans les lymphomes, du suivi des phases d’extension des essais cliniques du RTX dans la PR et de la pharmacovigilance, pour suggérer qu’il n’y a pas d’augmentation du risque de développement d’un nouveau cancer chez ces patients. Il reste important d’actualiser régulièrement ces données grâce au suivi prospectif des patients dans le registre AIR-PR. Concernant le risque de récidive du même cancer, l’idée est de collaborer avec d’autres registres européens où des patients présentant des antécédents de cancer sont traités par d’autres médicaments que le RTX. De tels groupes appariés en fonction des caractéristiques du cancer contribueraient à évaluer le risque de récidive tumorale.
D’après un entretien avec le Pr Jacques-Éric Gottenberg, CHU Hautepierre, Strasbourg. Abstract O.83.
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