« STRASS est une étude de désescalade thérapeutique, pouvant aller jusqu’à l’arrêt des anti-TNF, chez des patients ayant une polyarthrite rhumatoïde (PR) en rémission établie après plusieurs années d’évolution. Ce que nous voulions obtenir était une rémission persistante en essayant de diminuer les doses progressivement », explique le Pr Bruno Fautrel.
An total, 138 patients (55 ± 11 ans ; sexe féminin 79 %) ayant une PR diagnostiquée depuis 9,6 ± 8,2 ans, en moyenne, en rémission (DAS28 ≤ 2,6 depuis au moins 6 mois et sans progression radiographique dans l’année précédente) ont été inclus. Tous étaient traités par un anti-TNF (adalimumab ou étanercept, en monothérapie ou en association à du méthotrexate ou du léflunomide) en injections sous-cutanées depuis plus d’un an, à posologie usuelle et stable depuis au moins un an.
Les patients ont été répartis aléatoirement en deux groupes – maintien thérapeutique (M) ou espacement (E) – et suivis trimestriellement pendant 18 mois.
Dans le groupe E, le délai entre deux injections sous-cutanées était augmenté de 50 % tous les trois mois si la rémission DAS28 était maintenue, selon quatre paliers, le quatrième correspondant à un arrêt complet (tableau).
Le critère de jugement principal était l’activité de la maladie évaluée par mesure répétée du DAS44 tous les trois mois durant les 18 mois de l’étude.
Les premiers résultats portent sur 131 patients.
14 %des patients ont pu arrêter l’anti-TNF.
À 18 mois, dans le groupe E, 14 % des patients avaient pu arrêter complètement l’anti-TNF avec une rémission maintenue ; 72 % avaient pu espacer les injections, mais sans arrêter complètement (10 %, 25 % et 37 %, respectivement aux paliers 1, 2 et 3) et 14 % n’avaient pas pu espacer les injections d’anti-TNF.
« L’étude a montré que l’on pouvait espacer les doses avec un risque de reprise évolutive non nul, mais qui reste contrôlable par la réascension des traitements. Ce petit regain d’activité n’est pas très prononcé et il nous semble tout à fait acceptable pour les patients de tenter cette stratégie », commente le Pr Fautrel. L’impact d’une telle stratégie sur la progression structurale reste à préciser dans une analyse radiographique à venir. Nous pensons que lorsque le patient se sent en rechute et que nous lui redonnons le traitement, nous réussissons à rééquilibrer la maladie sans lui faire prendre de risque sur le plan structural ».
Une prochaine analyse des données va porter sur le rapport coût/efficacité de cette stratégie.
D’après un entretien avec le Pr Bruno Fautrel, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris. Abstract O.93.
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