Réadapter la lombalgique chronique

Diminuer les appréhensions avant tout

Publié le 10/12/2012
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LA LOMBALGIE commune touche 85 % de la population, dont 8 à 9 % vont développer une lombalgie chronique, définie par une douleur de plus de 3 mois. La chronicité est à l’origine de la majeure partie des coûts directs et indirects de la lombalgie, estimés globalement à 2,5 à 3 % du produit intérieur brut dans nos pays européens. La crainte du patient de provoquer la douleur conduit à une réduction d’activité et de condition physique le plongeant ainsi dans la spirale infernale du déconditionnement.

Les programmes de réadaptation associant plusieurs disciplines sont aujourd’hui les meilleures approches dans ces situations. Par exemple, comme le présente le Dr Norberg (Suisse), 3 semaines ambulatoires (100 heures) associant ré-entrainement au travail, à l’exercice physique, et approche cognito-comportementale d’encouragement du patient. Le but : lui montrer l’étendue de ses capacités, en imposant le moins de règles strictes possible, sous peine de figer les malades qui perdent leurs mouvements spontanés. L’effet de groupe (5/6 personnes) est primordial. Ce programme a été testé chez 525 lombalgiques chroniques. Des données ont été recueillies à l’aide de 24 pages de questionnaires d’autoévaluation. La capacité de travail augmente de 48 à 80,4 % après deux ans (p ‹ 0,01), parallèlement à une diminution des appréhensions et de la douleur, une amélioration de la qualité de vie et une augmentation subjective de la capacité physique. L’analyse par statut professionnel indique une hausse importante chez les ouvriers – de 22 % à 78 % – ce qui illustre le poids des facteurs socioprofessionnels dans la durée d’immobilisation.

Quant aux paramètres physiques, ils progressent jusqu’à 3 mois, puis retrouvent en un an leur niveau initial, signant l’absence de corrélation entre le retour au travail et l’amélioration des performances physiques. À l’inverse, une corrélation nette est observée entre la diminution de l’appréhension (questionnaire FABQ) et l’amélioration de la capacité de travail.

Cela dit, la progression s’observe jusqu’à un an puis elle se tarit. Les patients doivent donc poursuivre leurs exercices. On essaie donc de les encourager à rester actifs par du travail supervisé en groupe une fois par semaine. Il faut souligner la nécessité absolue d’une intervention dans les 2-3 premiers mois, la probabilité de retour au travail chutant à 6 mois, avec un taux de reprise de 1 à 2 % à un an.

D’après un entretien avec le Dr Michael Norberg, chirurgien orthopédiste (Lausanne et Lavey-les-Bains, Suisse)

Abstract O.01

 Dominique Monnier

Source : Le Quotidien du Médecin: 9203