Dysfonction érectile 

Aller au-delà du symptôme

Publié le 21/11/2014
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Ce symptôme fréquent de l’homme âgé doit être à l’origine d’un bilan global, mictionnel et métabolique, en particulier cardio-vasculaire.

Crédit photo : ROGER HARRIS/SPL/PHANIE

Chez l’homme âgé, les origines de la dysfonction érectile sont plutôt organiques que relationnelles ou psychologiques. Globalement, toutes les pathologies chroniques peuvent en être des facteurs favorisants, que ce soit par leur impact sur la qualité de vie ou sur la dysfonction endothéliale.

Un marqueur prédictif d’accidents cardiovasculaires

On connaît maintenant les liens étroits entre l’athérosclérose et la dysfonction érectile. Chez les patients à haut risque cardio-vasculaire, l’étude ONTARGET avait en particulier montré que, non seulement, ce symptôme était plus fréquent (50 % vs 20 à 30 % en population générale) mais aussi qu’il multipliait par 1,8 le risque de décès toutes causes et par 1,4 celui de complications (IDM, hospitalisation pour insuffisance cardiaque, AVC).

Lorsqu’un sujet présente des facteurs de risque ou une pathologie cardio-vasculaire connus, il faut considérer la dysfonction érectile comme un marqueur de gravité qui devra inciter à réévaluer son état cardio-vasculaire. Quand le problème d’érection est le premier motif de consultation d’un patient sans antécédents particuliers, il faut faire un bilan à la recherche des facteurs de risque usuels : glycémie, bilan lipidique, HTA, obésité, tabagisme, sédentarité… etc.

En fonction de l’âge et du contexte, un avis sera ensuite demandé auprès du cardiologue. Si le médecin envisage la prescription d’un traitement d’aide à l’érection, l’existence d’au moins trois facteurs de risque fait discuter la réalisation d’un test d’effort.

Certains traitements à visée cardiovasculaire devront éventuellement aussi être réévalués en présence d’un trouble érectile. « Les médicaments les plus classiquement impliqués dans ce symptôme sont les antihypertenseurs, mais leur nocivité est souvent surestimée. Elle est en revanche prouvée pour les diurétiques thiazidiques, et les bêtabloquants mais uniquement les non-cardiosélectifs et la spironolactone, insiste le Pr Stéphane Droupy (andrologue, CHU de Nîmes). Les autres molécules n’ont en principe pas d’effet sur la fonction érectile. »

Des troubles urinaires aux difficultés sexuelles...

Une altération du désir, de la fonction et de la satisfaction sexuelle est retrouvée chez plus de 30 % des patients atteints de lésions du bas appareil urinaire. Étant donné notamment l’association fréquente entre dysfonction érectile et hypertrophie bénigne de la prostate, il convient d’interroger le patient sur l’existence d’anomalies mictionnelles. En outre, les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase prescrits dans le traitement de l’HBP peuvent favoriser la dysfonction érectile.

Cette pathologie est également un des symptômes spécifiques d’un déficit androgénique qui peut conduire à un échec des IPDE5. Le dosage de la testostérone bien que non recommandé de façon systématique, doit être au moins prescrit devant d’autres signes évocateurs d’une hypotestostéronémie : baisse de la libido, fatigue, troubles de l’humeur, asthénie...

Enfin, tous les traitements anti-androgéniques, tels que ceux utilisés dans le cancer de la prostate, entraînent des troubles de la libido et de l’érection.

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : lequotidiendumedecin.fr